BONNE LECTURE!
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Cela faisait déjà quinze mois qu’il enseignait dans cette satanée école de magie dans laquelle il avait lui-même fait ses études. Voila maintenant quinze mois qu’il avait pour collègue les personnes même qui lui ont appris la plupart des choses qu’il savait. Quinze mois enfin qu’il avait la possibilité de vivre une vie complètement nouvelle. Mais son passé était bien trop présent en lui pour qu’il se permette une vie normale, sans haine, sans méfiance, sans ennemis. Une vie où il pourrait avoir amitié, protection, bienveillance et calme.
Mais ce n’était définitivement pas dans sa nature.
Il n’avait certainement pas le droit de vivre d’une telle manière. Du moins, il semblerait que c’était ce qu’il avait inconsciemment décidé, et c’était dans ce but qu’il agissait comme il agissait.
Comme agissait-il, me demandez-vous?
Et bien comme l’un des pires professeurs que cette école ait connu depuis des siècles. Comme un être des plus antipathiques, haïssable, sombre et mauvais.
Certain dirait que c’est là sa nature, je les contredirais de toutes mes forces.
Eux ne le connaissent pas. Eux n’ont pas vu ce par quoi il a dû passer. Eux n’ont pas vu le fond de son âme.
Moi je sais tout cela. Et il n’est pas foncièrement mauvais, même si il aime à ce que les gens le croient. Tout ce qu’il veut, ce n’est pas nuire, c’est mettre une distance entre autrui et lui. Et malheureusement il est passé maître en la matière.
Mais je n’allais pas le laisser s’en sortir comme ça, n’est-ce pas?
Je savais qui il était réellement, j’en savais énormément sur lui, sans trop savoir pourquoi j’avais conscience d’autant de chose sur cet homme. Le fait est que j’étais bien la seule à pouvoir l’aider. Du moins c’est ce dont j’étais persuadée. Je ne sais pas si tout ce que j’ai fais à eu une quelconque influence, un quelconque résultat. Je l’espère du fond du cœur. Tout ce que je peux faire à présent c’est attendre.
Mais peut être me suis-je surestimée? Après tout je ne suis qu’une élève, et il est mon professeur. Après tout je ne suis qu’une gamine qui pense qu’elle peut faire ce qu’elle veut avec les informations qu’elle récolte. Oui, c’est ça, je ne suis qu’une gamine qui voit tout cela comme un jeu, rien d’autre!
Tout ce que j’aurais fait n’aura servi à rien.
Ça ne sert strictement à rien de me morfondre, je n’ai qu’à attendre, et voir si mes efforts ont porté leurs fruits.
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Dès qu’il entrait dans une salle les visages changeaient, se fermaient, regardaient partout sauf dans sa direction, comme de peur d’être terrassé d’un seul regard. On pouvait les comprendre, personne n’avait envie de croiser ces deux onyx noirs et profond qui pourtant semblait ne refléter aucun sentiment humain. Comme si l’homme était mort. Ou alors comme s’il était tout sauf humain.
Cela faisait à peine deux mois qu’il enseignait et déjà sa réputation semblait être si solidement installé que même s’il décidait subitement de changer d’attitude les élèves ne pourraient s’y faire et le verrait toujours comme:«L’horrible bâtard aux cheveux gras».
Un surnom horrible, certes. Mais on ne peut pas dire qu’il ne l’avait pas cherché. Enlevant des points à tours de bras, et distribuant des retenues pour des raisons des plus triviales, il n’avait certainement rien fait pour attirer à lui la sympathie de ses élèves. Son air dédaigneux et son intelligence extrême s’étaient chargés de se mettre à dos ses collègues.
Albus Dumbledore avait essayé de faire en sorte que son protégé essai de se socialiser, qu’il essai de changer, de profiter de la chance qu’il avait de pouvoir se promener au grand air sans risquer sa peau. Mais toutes ses tentatives avaient été vaines.
Il ne savait pas trop quoi faire d’autre, il ne voulait pas abandonner, mais se disait que ces choses prenaient sûrement plus de temps qu’il ne le pensait. Ça viendrait naturellement, il fallait l’espérer.
Cependant, il était hors de question que Severus Snape se dérobe aux petits meetings organisé par son employeur dans son bureau, qui se passaient tous généralement en tête à tête autour d’une partie d’échec et d’une chaude tasse de thé au citron, comme il prenait l’habitude de se dérober à certains repas donnés dans la Grande Salle en se terrant au plus profond de ses cachots. C’était les seuls instants où le sombre sorcier se permettait de baisser ses gardes et de se sentir en sécurité, libre de ses masques et chaînes.
Albus n’allait pas lui enlever ça.
Aujourd’hui Severus Snape avait accepté de monter pour le petit déjeuner malgré le fait qu’il se sentait bien mieux à prendre son petit déjeuner seul, en compagnie de ses livres et de ses potions. Il n’aimait pas l’ambiance qui régnait en dehors de son froid habitat. Il détestait le bruit irritant des conversations d’adolescents pré pubères. Et il lui était toujours assez désagréable de surprendre une discussion parlant de lui en des termes peu avantageux. Ces gamins n’étaient certes rien pour lui, mais il avait tout de même un ego, et détestait devoir le mettre entre parenthèse dans sa quête de solitude.
Il n’était après tout pas payé pour devenir l’ami de ces gamins, simplement pour essayer de leur inculquer quelques notions dans l’art, trop subtil pour eux apparemment, du breuvage de potions de toutes sortes.
Alors qu’il allait prendre l’escalier qui l’emmènerait loin de la froideur familière de ses cachots, il croisa plusieurs serpentards, tous pressèrent le pas en baissant la tête. Seul un, plus téméraire que les autres, ou plus stupide, leva la tête et essaya de répondre au regard sombre de son professeur par un regard qui se voulait tout aussi sombre. Mais ce Sixième année avait encore du travail à faire dans ce domaine, et en une seconde à peine il rebaissa la tête, vaincu, et se hâta tant et tant qu’il arriva en haut des escaliers avant les premières années qui avaient sur lui plusieurs temps d’avance.
Les serpentards ne sont plus ce qu’ils étaient, se dît-il alors dépité.
Lui prenait son temps, rien ne pressait, rien n’était assez important pour exiger de lui qu’il se pressa. La guerre était finie pour l’instant, il pouvait laisser ses réflexes d’espion au placard et marcher comme un être normal ne craignant pas pour sa vie.
Un dernier groupe de Serpentard le dépassa timidement: des cinquièmes années filles. Elles étaient cinq, ma foi toutes très brillante d’après ce que Severus pouvait se rappeler, il ne se souvenait plus du nom de la dernière. Celle qui semblait rester à la traîne, comme si elle n’avait aucune envie de passer devant le professeur des potions.
Severus en conclut qu’elle devait avoir vraiment peur de lui, mais, lorsqu’il voulu la regarder méchamment pour la faire fuir, ce qu’il vit le surpris au plus haut point.
Elle lui souriait!
Personne (mis à part Albus évidemment) ne lui avait jamais souris de la sorte depuis des lustres. Des rictus méprisants, moqueurs, haineux et menaçants, ça oui, mais jamais un sourire ingénu.
Cependant il ne perdit pas sa contenance et lui envoya le plus froid de ses regards. Elle ne fléchi pas, et avec un «Bonjour professeur!» à peine audible elle se dépêcha de rejoindre ses amies qui avaient pris une belle avance et n’avaient rien vu de cet étrange échange.
Severus ne comprenait pas. Et il détestait cela.
Pourquoi cette jeune fille, dont il faudrait qu’il se rappelle du nom, alors qu’il se souvenait lui avoir fait perdre pas mal de points pour un vulgaire retard de quelques secondes, lui avait-elle sourit comme si c’était la chose la plus naturelle à faire.
Et c’est de forte mauvaise humeur que le nouveau professeur de potions se fraya un chemin vers la table des enseignants. Il s’assit à une place qui semblait être la sienne, entre le professeur McGonagall et du directeur.
Le directeur l’accueilli d’un sourire éclatant auquel Severus répondit par un grognement indistinct. Cela sembla amuser Dumbledore au plus au point. Ses yeux rayonnaient comme à leur habitude, et Severus eu envie, pour la ixième fois, de les lui crever. Une joie de vivre comme celle du vieil homme devrait être interdite. Et quand il souriait ainsi il était des plus irritants. Ne pouvait-il pas voir que Severus avait tout sauf envie de rire? Réellement, Severus ne comprendrait jamais le vieux sorcier, et d’ailleurs, il n’en avait pas spécialement envie. Même s’il l’estimait au plus haut point et qu’il lui était redevable jusqu’à la mort, la personnalité de directeur ne s’accordait en rien avec la sienne. Il faudrait que l’autre homme s’y habitue. Ils pourraient être alliés mais jamais amis.
Severus n’avait et n’aurait jamais d’amis. C’était dans l’ordre des choses.
Le reste du corps enseignants ne comprenaient pas comment Albus avait pu engager un tel homme. Ils étaient presque tous au courant de son passé de mangemort, mais très peu d’entre eux acceptaient le fait qu’il ait pu être plus utiles au camp de la lumière qu’eux. Ils avaient leur fierté, et préféraient le voir comme un ignoble monstre plutôt que comme un être s’étant sacrifié lorsque eux restaient bien sagement à Poudlard. Seuls les professeurs McGonagall et Flitwick semblaient être assez sages pour accepter de se montrer civilisés avec lui. Après tout il fut l’un de leurs meilleurs élèves. On ne peut pas dire qu’il n’ait jamais causé de problèmes à ses professeurs, mais si ces derniers devaient être honnêtes avec eux-mêmes, ils devaient reconnaître qu’il n’était pas tout le temps la source de ces effusions. Et c’est dans cet esprit que Minerva McGonagall tenta de débuter une conversation avec son ancien élève.
«Severus, comment allez vous?» Demanda t-elle d’un air qui se voulait avenant.
«Et vous, Minerva?» Répondit simplement Severus sans grand entrain.
La conversation qui venait de débuter ne se poursuivit pas très longtemps, Minerva abandonne bien vite face au mutisme de son locuteur.
Severus n’était vraiment pas d’humeur à socialiser. Il était irrité par tout et tous, et le mot passa rapidement parmi le corps enseignants de telle manière qu’aucun ne se risqua à l’approcher, sauf évidemment le professeur Dumbledore qui ne cessa pas de lui proposer une de ces petites tartelettes au citron qu’avait préparé les elfes de maison spécialement pour lui.
Exaspéré et assez énervé, il fallait le reconnaître, le maître des potions s’en alla avant la fin du petit déjeuner en maudissant silencieusement le vieil homme et ses idées loufoques. Alors qu’il se levait de table, son regard se posa instinctivement sur la table aux couleurs des verts et argents; regard qui se plongea directement dans deux yeux d’un violet surréel. Elle le regarda un instant, lui sourit à nouveau, puis baissa les yeux sur la table et pris un verre d’eau qu’elle amena à ses lèvres, elle retourna ensuite à son repas comme si de rien n’était.
Severus n’en croyait pas ses yeux, elle osait remettre ça. Comme si lui sourire avait été une des pires choses qu’un élève pouvait inventer pour lui manquer de respect.
Il savait pertinemment que ceci n’était pas une raison pour lui donner quelques retenues bien placées, notamment à cause du fait que, en tant que nouvel enseignant, il devait justifier ses retenues d’un rapport au directeur, alors il s’abstint et passa son chemin plus grognon que jamais.
La jeune fille plaignait ceux qui auraient potion ce matin là. Oubliait-elle qu’elle l’avait en première heure, dans pas loin de quinze minutes en fait?
Apparemment non puisque lorsqu’une de ses camarades le lui rappela elle pesta mentalement contre sa propre stupidité. Elle savait qu’elle l’avait réellement mis en rogne, et elle sentait qu’elle allait en payer les conséquences. Mais c’était plus fort qu’elle, elle n’arrivait pas à ne pas lui sourire, lui montrer que malgré tout ce qu’il peut penser, des personnes ne lui sont pas hostiles, des personnes ne le pense pas foncièrement mauvais.
C’était bien plus fort qu’elle!
Si elle eu de la chance ce matin là, elle ne savait pas trop. Le fait est que le professeur Dumbledore la convoqua dans son bureau quelques instants après que le professeur des potions ne quittent la Grande Salle. Inquiète et assez déconcertée elle le suivit timidement.
Elle ne lui avait jamais parlé directement, et ne s’était jamais, à plus forte raison, trouvée dans son bureau après y avoir été convoquée. Le bureau, tout comme son propriétaire, était impressionnant, inquiétant et joviale en même temps. Un paradoxe étrange mais qui semblait faire sens lorsqu’on regardait le vieux sorcier, le sorcier le plus puissant depuis que Vold… celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, a été terrassé par un enfant dans son couffin il y avait deux ans de cela.
Une fois la porte refermée derrière elle, elle sentit qu’elle n’avait aucune échappatoire, et ça la paniqua. Elle détestait se sentir enfermée, prise au piège.
Elle essaya de se rassurer en se disant qu’elle n’avait rien fait de mal, du moins…pas vraiment.