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 Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles

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Mille-Visages

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MessageSujet: Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles   Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles EmptyLun 23 Oct - 13:32

Il s'agit d'une chronique ayant pour sujet les Eldars, race que j'apprécie beaucoup et dont je suis un des joueurs. Bonne lecture !

_______________________________________________________________

Par delà les Etoiles

1.
L'imposante Salle où dormaient les Grands Prophètes du passé, ceux qui ne pouvaient mourir, mais vivaient des visions de l'avenir, attendant le jour où le Peuple Eldar aurait besoin d'eux, était organisé autour de l'Arbre de Vie. Tout de Moelle Spectrale qui s'élevaient en une colonne massive formant un tronc pâle où poussaient des gemmes d'une couleur iridescentes, les Pierre-Esprits, l'Axis Mundis s'évasait en branches effilées qui soutenaient un dôme fait d'un millier de vitraux jetant sur la pièce un arc-en-ciel cintré de vermeil. Dans les branchages se perdaient des pièces cachées par les épaisses feuilles de l'Arbre, mi-opaque, qui véhiculaient une douce lumière.
Iyandril observait le ballet des étoiles à travers la large baie vitrée du sanctuaire où il avait pour habitude de méditer. Sa robe dansait dans des miroitements argentés à chacun de ses pas. Une silhouette masquée se tenait debout sous la voûte sculptée de fleurs et de feuilles se croisant sur des entrelacs torsadés aux reflets laiteux de Moelle qui formaient le plafond. "Nous avons pour devoir de guider le peuple eldar vers son salut. Et son salut va de paire avec celui de la galaxie, disait le Grand Prophète.
- Malgré la présomption des humains à désirer notre perte ? répliqua Iyandril, laissant ses doigts effleurer son casque immaculé.
- Nous devons les aider malgré leur refus. Notre sagesse dépasse leurs vues totalitaires.
- Que voulez-vous dire ? soupira Iyandril tout en tournant son visage vers le Grand Prophète, dont seuls les contours étaient visibles dans la lueur bleuté des lumières à suspenseurs rayonnant aux branches de l'Arbre où reposaient les précédents Guides du peuple.
- Que notre dessein ne vise pas les humains mais la galaxie en général, quelque soit la forme de vie qui s'y trouve.
- Même nos anciens ennemis ?
- Peut-être sont-ils trop aveuglés par la haine, mais ce fut notre cas aussi. La Chute nous a ouvert les yeux et il n'est pas un jour où je ne prie pour que jamais cela n'ait lieu à nouveau. Et je sais que mes prières ne seront jamais entendues, car il n'est plus que Khaine à présent.
- Ne dites pas cela.
- Et pourtant, espérons que le Dieu de la Guerre ne façonne pas la prochaine génération à son image.
- Comprenez-les, Frère, murmura Iyandril tout en tournant son regard mauve vers les planètes. Comprenez le sentiment des enfants des étoiles. Des enfants rejetés par leurs pères qui vivaient en maîtres de la nuit sans fin. Ils ont tout perdu par la faute de leurs ancêtres et continueront à payer nos péchés longtemps dans l'avenir. Et le prix sera leur sang. Pouvons-nous vraiment leur demander de payer pour nos erreurs ?
- Vous avez vu, alors ?" Iyandril hocha tristement la tête, sa main se crispant sur les gemmes ornant la mâchoire de son masque. Il reprit alors, d'une voix à peine audible : "Cela fait longtemps que j'ai vu, mon Frère. Longtemps que je pries pour que cela ne soit qu'un rêve, une vision. Longtemps que, comme vous, je sais que mes voeux ne seront plus entendus. J'ai entendu vos sanglots mon Frère. Et je les comprends à présent. Notre race est morte le Jour de la Chute. Nous ne sommes que des fantômes à présent, les échos d'un glorieux passé." Le Grand Prophète acquiesça de même et fit un pas dans la lumière pâle des étoiles. Il tenait un large manteau parcouru de glyphes. "Tu es des nôtres à présent. Pour chaque rêve persiste une réalité. Tu as vu le Grand Sacrifice. Nous l'accomplirons tous ensemble, mais jusque là, la route est semé d'obstacles que nous ne pourrons vaincre qu'ensemble. Mon Frère, les fils de la Grande Toile ne sont pas tisser d'avance. Ils s'aggripent à nous, mais les dieux nous ont voulu à leur image. Nous sommes une part du dessein, une part de divin. Nous pouvons encore vivre pour l'éternité.
- Pas nous, dit doucement Iyandril, avant de faire un geste vers la salle en contrebas qui se perdant dans les noeuds de Psycho-plastique soutenant la pièce où se trouvaient les deux hommes. En bas, il y avait un Prophète, encore jeune sur la Voie du Prescient, mais suffisamment pour connaître les enseignements de ses ancêtres faisant la classe à tout groupe d'enfants qui l'écoutaient avec une attention redoublée.
"Mais eux."

2. Confutatis
Toutes ces souffrances pour ce jour-ci, ce jour de défaite. L'échec à perte de vue. Ils avaient échoué. Le Dieu à la Main Sanglante ne leur avait été d'aucun recourt. Tonnerre de feu, de folie et de cendres s'abattant sur eux. Colonne de terre jusqu'aux cieux enténébrés. Eclats de lames dans la nuit. Sang. Mort.
Au milieu d'un funeste charnier où reposeraient sans sépulture les corps de valeureux guerriers eldars tombés au champ d'honneur, au milieu de ces êtres qui furent et périrent pour la gloire et la survie du Vaisseau-Monde, donnèrent leur vie pour que subsistent les leurs, un gémissement vint rompre le silence funèbre de veillée mortuaire. Presque inaudible, comme un sanglot. Quelqu'un bougeait, s'agitait et s'activait à vivre et à sortir de ce berceau de mort autour de lui. La lumière aveuglante, voilà ce qui accueillit le jeune eldar alors que, dans un dernier effort, il parvenait à l'air libre. Une longue goulée d'air, malgré le poison de la mort qui y régnait. A genoux dans la boue et le sang, sa robe tâchée, souillée, il contempla le champ de bataille, désert à l'exception de charognards venus se repaître du lourd tribut de la guerre. Toutes ces souffrances pour ce jour de défaite, que les dieux puissent rire de l'amertume de l'échec.
Et il pleura pour ces vies perdues. Son expérience de Prophète savait que ces eldars occis renaîtraient grâce à leur Pierre-Esprit, mais il ne pouvait cependant y trouver un quelconque réconfort. Au contraire. Ils étaient morts dans leur plus belle enveloppe et ne connaîtraient jamais le repos éternel. Le jeune eldar jeta son casque, repoussa son épée, enfouie sous la terre son pistolet et resta à contempler les vallées et les plaines où l'on avait enlacé la mort.
Il ne cessa que lorsqu'une brise vint bercer sa nuque. Il pensa alors que son âme était aspirée par la Pierre-Esprit, il pensa qu'il était mort sans s'en rendre compte, dévoré par une de ces bêtes mangeuses de chair des macchabées, ou alors de faim et de sommeil peut-être. Mais il n'en était rien. Alors qu'il se levait, les bras en croix, songeant à l'étrange étreinte nacrée de la pierre, tel que les morts la lui avaient décrite dans le Réseau d'Infinité, il vit. Devant lui s'ouvrait un gouffre d'un noir d'encre, une gueule enténébrée, spiralé tel l'oeil d'une tempête de noirceur.
Iyandril se leva alors et fit un pas vers ce bris dans la toile du réel, dans le Materium. Un instant, il hésita, se détournant de l'étrangeté qui avait éveillé son irascible curiosité pour jeter un coup d'oeil à l'horreur qu'il allait quitté. Il n'était plus rien ici, plus que le souvenir honteux d'une bataille perdue, d'un sacrifice. Allait-il mourir ici ? Ou s'engager dans ce lieu étrange qui s'ouvrait devant lui. Mourir pour mourir, mieux vaut avoir lutter ! Il se saisit de sa lame, de son casque et bondit dans l'Immaterium comme l'on plonge au coeur de la folie, avec un sourire aux lèvres.

Il sentit la déchirure, le grincement des tourbillons de réalité qui cédaient aux tempêtes de ce que les humains nomment le Warp. Il sentit son esprit se disperser, s'étendre jusqu'à l'infini comme si son âme avait pu recouvrir la galaxie d'une pensée, jusqu'à réintégrer son corps dans un hurlement. Ses yeux douloureux s'ouvrirent. Son front l'élançait tant que ses dents grincèrent alors qu'il s'aidait de sa lame pour se lever. Son regard embrassa le lieu qu'il venait de pénétrer. Un large corridor s'ouvrait devant lui et haut. Il vit les épaisses colonnes de nâcre, enfoncées dans les parois marbrées veinées de noir, s'élever en voûtes harmonieuses. Il contempla longuement la clé ornée d'un orbe végétal, tel ceux qui illuminait les branchages de l'Yggdrasil et se prit à sourire. Il pensa au Réseau d'Infinité. Peut-être y était-il, dans ce monde virtuel et psychique créé pour les esprits. Il se leva, approcha du mur. Les veinures noires qui parcouraient le blanc immaculé de la paroi semblaient battre de vie. Il l'effleura de la main mais la retira de suite, frissonnant de l'étrange caresse psychique qui venait de toucher son âme. Impossible, il n'était pas dans le Réseau d'Infinité. Non, il pouvait à présent sentir l'émanation psy de ce lieu. Il était ailleurs. Comment ? Il n'en avait aucune idée, mais à présent, la certitude, froide et implacable, avait étreint son esprit affûté de jeune Prophète. Il était dans la Toile.

Il avança donc lentement. Il savait qu'il allait mourir à présent. Cette même certitude était venue en conséquence logique de la précédente. La Toile n'était ouverte qu'aux plus grands Prophètes. Et lui n'y était parvenu que par un concours de circonstances qui lui paraissait encore comme trop obscur pour faire des hypothèses sur ses chances de survie.
Iyandril ne s'aperçut pas tout de suite qu'il était observé. Le corridor devenait alors de plus en plus étroit, les veines noirâtres gagnaient en dimension, recouvrant la surface d'une blanche pureté des murs. Les colonnes se tordaient et les voûtes devenaient des entrelacs chaotiques. Le couloir ressemblait davantage à une grotte austère à chaque pas. Des lueurs vacillantes, venant de quelques flambeaux fantomatiques, éclairaient sa marche, sans qu'il ne puisse jamais les voir. Mais il aperçut tout de même cette silhouette encapé de la tête au pied, un masque long et effilé couvrant son visage, dont les larges orbites opaques semblaient l'observer. Un panache vermeil venait zébrer les couleurs vives irradiants de la large bouche ouverte en un grinçant sourire. Des larges manches couvrant ses épaules sortaient de longs bras noueux, dont l'un s'achevait par une lame fine au fil dentelée. La mante tombait jusqu'à mi-cuisse, bariolée de tant de couleurs qu'il était difficile de se leurrer sur la nature de l'être face à lui. Son pantalon bouffant s'enfonçait dans des bottes de cuir souple. Sa tenue alliait le maintien d'une armure runique eldar à l'extravagance coutumière des siens. "Un Arlequin", murmra pour lui-même Iyandril, qui mit directement sa propre lame au fourreau. Les Arlequins avaient la réputation d'être des bretteurs hors pairs et Iyandril ne tenait pas à mourir ici, loin de tout.
Longtemps dans l'avenir, Iyandril devait se demander si son destin avait changé des suites de son abandon - laissé pour mort sur une planète déserte -, sa rencontre avec l'Arlequin ou des conséquences de cette dernière.
L'Arlequin s'était montré étonnement loquace, quoique méprisant à la fois. Il avait ouvert la discussion d'un rire gras et cynique puis avait commencé ses moqueries. Mais Iyandril était patient et rien ne pouvait venir entacher son calme. Il savait que l'Arlequin, malgré son attitude désinvolte, ne le raillait pas gratuitement, et sa détermination à percer les motivations de son interlocuteur l'emportait, pour un instant du moins, sur son amour-propre. Cette résignation tenace porta d'ailleurs ses fruits lorsque soudainement, l'Arlequin lança, d'un ton pédant : "De toutes façons, vous autres avez oublié ce que c'était de rendre grâce à la beauté. Depuis la Chute, vous n'êtes plus capable que de lamentations, comme des enfants dont le jouet auraient été brisé.
- Vous parlez d'art ? Nous avons su le préserver pourtant...
- Ne raconte pas d'idioties ! l'interrompit l'Arlequin. Le Beau, vous l'avez tous perdu de vue. Hein ? Le Beau, naturellement. Vous tombez en pamoison devant un coucher de soleil en y voyant de la beauté, crédules !
- Mais un coucher de soleil peut...
- NON !
- Alors expliquez-moi. Expliquez-nous", lui répondit patiemment Iyandril. L'Arlequin eut un étrange raclement de gorge puis un léger rire, grinçant et sinistre. Il reprit, d'une voix plus calme : "Oh mais bien sûr, petit eldar, que je vais t'expliquer. Le Beau a plusieurs visages. Certes, certes, un coucher de soleil est beau, mais il n'y a pas l'intention d'être beau. Il l'est dans le regard de celui qui l'observe, l'oeil bovin, l'air béat. Le vrai Beau se trouve dans l'art. C'est là qu'est la différence entre un coucher de soleil et sa représentation peinte sur une toile. Cette dernière a la vocation de toucher le Beau. Elle a l'intention de le faire.
- Et nous n'en sommes plus capables ?
- Vous l'avez fait une fois, dit l'Arlequin d'une voix si sardonique que Iyandril pouvait presque percevoir le sourire mauvais sous le masque coloré. "Une dernière fois avant de n'être plus qu'une belle bande de larves. Vous avez fait une si belle oeuvre qu'elle devait être encore polymiqué pour les millénaires suivants : le Dévoreur."

Iyandril ne dit plus rien. Il était partagé entre le désir soudain de courir en hurlant sur l'Arlequin pour le frapper de toutes ses forces et le désir de comprendre. Si c'était une ultime facétie, elle était d'un goût immonde. Une fois de plus, Iyandril fit confiance à la ruse de son interlocuteur pour démêler les fils de cette pique. "Dites-vous, reprit-il d'une voix mesurée, que les Eldars ont intentionnellement créé Slaanesh ?
- Oui.
- Cela n'a aucun sens.
- Et pourtant.
- Il est le destructeur des nôtres, celui par qui nous avons tous péri.
- Oui. Et non à la fois. Les Anciens de votre race étaient différents de ce qu'on vous raconte. Ils suivaient une voie différente de la voie que toi et tes frères suivent aujourd'hui.
- Voulez-vous dire ?..." Iyandril s'interrompit. Son esprit scientifique explorait des centaines d'idées qui germaient dans les paroles de l'Arlequin. " Les Eldars Noirs... ils parlent de leur voie de décadence, est-ce celle-ci dont vous parlez ?
- Oui." Nouvelle pause."Les folies de vos pères... la découverte soudaine que leur sensibilité psychique pouvait les combler au-delà de tout espoir dans leur besoin physique. Ils avaient besoin d'un dieu pour supporter leur désir. Ils savaient que leur panthéon tenterait de les détourner de la voie macabre qu'ils suivaient.
- Oh non... ils ont créé Slaanesh pour détruire les Dieux Anciens...
- Hormis Kaella Mensha Khaine. Il est le seul à avoir lutter contre Slaanesh, puis à avoir accueilli le Peuple Eldar. Il est le Dieu de Miséricorde. Cela t'étonne ? je le vois... Oui, le Dieu à la Main Sanglante, cette main est couverte de son propre sang, qu'il a versé au mépris de sa propre existence pour vous tous.
- Quelle horreur... qu'avons-nous fait ?
- De belles et grandes bêtises, telles qu'on en reverra plus jamais."

Le silence s'emparra d'eux alors que l'Arlequin se détournait déjà, avançant vers ce qui apparut à Iyandril comme une immense double porte. Ce dernier sentait ses jambes se faire de coton, son poids semblant doublé. Il n'arrivait presque plus à marcher correctement. "Viens", lui dit l'Arlequin. Et malgré la répulsion qu'il avait à l'encontre de cet être, Iyandril avança.
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MessageSujet: Re: Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles   Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles EmptyLun 23 Oct - 13:34

3. Lacrimosa
Le monde, dit-on, était autrefois fait d'unicité. D'un seul tenant, tout entier uni. L'Absolu, c'était l'Absolu, toutes choses étaient mêlées en une seule, un seul cycle entropique, vie et mort, mort et joie, peine et espoir. C'était l'absence et la présence, l'être dans le non-agir, moulé dans le temps plein. Tout entier parcouru des racines sinueuses, pleines comme des univers, de vie, d'amour, d'agitation comme de violence, dans un cycle impénétrable. Les racines de l'Yggdrasil, l'Arbre de Vie. Le Coeur de la Moelle Spectrale qui façonne de nos jours les Vaisseaux-Monde et les esprits des Eldars, noeuds noueux vers le passé, vers la pensée et l'esprit. Psychique. Témoin du temps cruel emportant avec lui dans son sein outragé les milliers d'âmes tourmentées par le souvenir enténébré étendant son ombre sur les générations prises dans un destin funeste.
Obardiel percevait l'appel de la Moelle en lui, l'écho fantomatique du Réseau d'Infinité vibrant dans l'étrange matière psychique blanchâtre qui semblait avoir sculpté l'univers dans ses voluptes aux reflets pâles. Obardiel sentait l'espoir qu'elle irriguait, la beauté qu'elle renfermait, l'amour qui la portait. Et pourtant, Obardiel doutait. Pour la énième fois depuis le début de son chant, il s'interrompit et leva les yeux vers les cieux bleutés, mouchetés d'un mauve spacial, se protégeant les yeux du revers de la main. Sur l'horizon se trouvait une large crète où le vent venait se perdre, sifflant une étrange mélopée dans l'arête dentelée du relief aride. Et là-haut, loin dans le ciel, se trouvait son Vaisseau-Monde, qui l'attendait patiemment, le berceau de sa vie, le refuge de son coeur. Inaccessible pour l'instant. La distance qui le séparait du Vaisseau ne faisait qu'accentuait la souffrance qui étreignait son âme. Tout autant que cette interrogation glaciale qui était venu éclore dans son esprit alors qu'il façonnait la Moelle à l'aide sa longue harpe. Pourquoi ? Pourquoi créer un portail sur ce morceau de rocher habité par les barbares humains ?
Obardiel réprima un frisson à la seule pensée de ce qu'il avait vu par le passé. Les humains méprisaient leur art. Ils ne comprenaient pas la dimension universelle de la Moelle, comment l'univers tout entier se retrouvait dans les voûtes torsadées de la Moelle. En fait, les humains avaient perdu l'Absolu. Ils s'étaient aveuglés de l'Empereur et ne voyaient plus l'origine de tout. Le prix à payer serait immense. Les siens le payaient dorénavant. Ce coup-ci, la pensée eût pour nouvelle conséquence une larme froide venant glisser le long de son échine. Plus que de la peur, le peuple eldar avait appris et entretenu le souvenir de la Chute avec tristesse.
Obardiel regarda un instant autour de lui. Ses frères Chanteurs s'attelaient à leur tâche et façonnaient la Moelle éclose dans le warp, enflant dans le tourbillon de lumières désincarnées émanant de l'immaterium. Le jeune Chanteur prit une profonde inspiration et essaya de se concentrer sur son propre arbrisseau d'une pâleur immaculée. Ses doigts effleurèrent à nouveau les cordes tendues de sa longue harpe, mais rien ne vint. Son esprit n'arrivait pas à se lier avec la Moelle. Ses frères étaient murés dans l'indifférence, l'introspection nécessaire à l'équilibre avec l'objet de leur peine. Cette harmonie était nécessaire pour sculpter. Et cette harmonie impliquait la fermeture de son esprit à tout chose venant parasiter ce processus quasi-sacré. Mais la froideur de ses pairs empêchaient Obardiel de faire quoique ce soit. Il aurait eu soudainement besoin d'un sourire, d'une personne venant l'assurer qu'il avait raison de poursuivre. Mais la discipline eldar l'empêcherait à jamais d'avoir un tel contact, tant qu'il porterait le masque de Chanteur de Moelle. Sous le nâcre lisse de son casque, sa bouche se plissa dans une moue de dépis, ses yeux se fermèrent.
C'est alors qu'enfin il vit. Comme dans une explosion de noirceur moucheté d'un brillant désespoir. Au travers de son infinie amertume, il put percevoir le bal cosmogonique des planètes tournant dans des circonvolutions les amenant jusqu'au plus profond de son âme et de l'existence même, dans des ellipses improbables formant des courbes qui sillonnaient la vie elle-même et venaient caresser leur simples souffles.
La Moelle s'éleva, dansante comme une ballerine soulevée par la lancinante mélopée d'Obardiel, déployant ses ailes de nâcre illuminant de mille feux le jeune Chanteur, frappé des reflets cristallins du soleil écrasant perçant le ciel. Elle s'arqua dans un mouvement subtil comme si elle cherchait à embrasser l'horizon et peut-être était-elle vraiment capable. Elle se replia sur elle-même à travers l'immaterium dans des angles improbables, s'iriscant d'une crète de dents blanches ornés de gemmes d'un noir d'ébène.
Et quand Obardiel rouvrit les yeux, s'étendait devant lui le Portail menant au Vaisseau-Monde. Façonné dans ses larmes. Un jour, dit-on, le monde était autrefois fait d'unicité. Un jour, le monde ne fut qu'un. Et alors, il tenait tout entier au creu d'une seule larme.
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MessageSujet: Re: Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles   Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles EmptyLun 23 Oct - 13:35

Une rumeur parcourait le dédale de corridor du Vaisseau-Monde. Une rumeur vibrant des élans psychiques saturés de violence. L'attrait de la bataille. Les Chants de Guerre, les Prières de Sang et les Psalmodies de Malheur s'étaient emparés des Temples Aspects. De leur grotesques trônes les Exarques, les Princes Belliqueux, s'étaient levés, dans leur armures ancestrales, parcourues de Pierre-Esprit renfermant des centaines de milliers d'années de folie destructrice, de mort et d'abnégation. Les Eldars avaient regagné les Temples, de larges bâtisses s'étendant comme des cancers noirs, de gros insectes à la surface d'ébène chitineuses guêtant leur proies dans le tissage de lumière de la Moelle.
Dans les tréfonds du Vaisseau-Monde, là où régnaient les murmures de voix délirantes dans les noeuds du temps, là, des ombres se pressèrent autour d'un jeune homme. Mes Prophètes, drapés dans leur mante de nuit. Des mains vinrent le déshabiller, proférer les paroles rituelles pour le purifier. D'autres mains vinrent peindre sur lui des glyphes dans le sang des Prescients. Maculaient son corps de symboles de grâce et d'horreur, de noblesse et d'effroi. Puis on passa la mante bleue sur ses épaules. Le Jeune Roi était prêt, le Jeune Roi était pure, le Jeune Roi allait se sacrifier à Kaella Menscha Khaine. Alors les Prophètes guidèrent donc, dans les couloirs déserts du Vaisseau-Monde le Jeune Roi, Obardiel, vers le Portail de Bronze derrière lequel attendait l'Avatar à la Main Sanglante.
C'était un coeur étrange, sombre et fumant. Au-dessus du large panneau d'un bois ancien, menant à une allée garni d’alcôves discrètes, se dressaient de hauts vitraux présentant deux entités démoniaques, toute nimbées de ténèbres, de flammes violettes et argentées, croisant le fer dans un combat apocalyptique. Et l'une d'elle perdait, foudroyée, elle se perdait dans les étoiles. Entre chacune des étapes cerclées d'un fer noir comme les ténèbres se trouvait une statue. Une première implorante, ses bras noueux ramenés devant son visage apitoyé. Une deuxième à genoux, mains jointes dans la prière et tête humblement baissée. Et une dernière, debout, tête haute et regard lointain. La clé de voûte était haute au-dessus des têtes des visiteurs, toutes faites de branches et de racines de l'Yggdrasil qui venaient se lover pour former la toiture dans des courbes évoquant un respect silencieux. Et, dans ce qui pouvait apparaître comme la large Nef de cette cathédrale de peur enfouie et de crainte refoulée, se dressaient les deux titanesques portes de Bronze. Chaque interstices de ces immenses plaques laissaient passer une colonne de fumée aux relents de souffre. Les portes semblaient constammant fuir le regard, leurs reflets évoquant du mercure ou du chrome, comme si le métal se tordait sous l'effet d'une chaleur étouffante qui devait régner au sein de la pièce qu'elles renfermaient.
Les Exarques, personnification des désirs morbides du Peuple, étaient déjà dans la grand'salle, agenouillés comme autant de corbeaux prêtant un culte à la mort nourricière. Ils formaient un demi-cercle grinçant autour du portail, silhouettes constellées des Pierres-Esprits de centaines de puissants guerriers disparus, armures élancées baignées de la lumière surréaliste émanant de la porte et des extensions de Moelle.
Les Prophètes s'étaient joints à eux. Seul Kyliandhyr était debout devant les portes. Il s'approcha d'Obardiel et lui inscrivit la dernière des glyphes sur le front tout en récitant : "Toi qui fut choisi par les entrelacs du temps, avance et rencontre l'honneur d'être mis en présence de notre Dieu-sauveur"
Et les portes s'ouvrirent. Tous, sauf le Jeune Roi, furent aveuglés par la puissance, autant physique que psychique, qu'exaltait l'intérieur. L'intérieur où siégeait l'Avatar sur son Trône de Métal en Fusion. Obardiel fit un pas, les bras ouverts, paumes vers le ciel. Puis un deuxième. Il pouvait entrevoir la silhouette du Dieu à la Main Sanglante sur son trône rayonnant de chaleur. Un pas, puis un autre. Et les portes se refermèrent sur lui dans un long et terrible grincement.
Devant lui, l'émanation physique du Dieu de la Guerre s'était levée. Forgé dans le feu de guerres millénaires, son heaume présentait des courbes ignées venant souligner la gueule grimaçante de son faciès hurlant, prêt à dévorer les âmes par delà la galaxie. Son corps, léché par les rayons langoureux de son trône de lave, était fait de muscles puissants semblant, malgré son apparence métallique, jouer sous son armure de flammes et de runes. Il était puissance et souplesse, développant son art brutal dans des danses funestes.
Obardiel, malgré sa nudité et la mante flottant sur ses épaules fit un pas en avant. La fin de tout, voilà ce qu'il avait sous les yeux. Il n'y avait nul espoir dans ce lieu de malédiction et un instant, son regard se perdit dans les lames hérissant les murs, toutes pointées vers la forme infernale devant lui. Il allait mourir, l'Avatar le prendrait pour mener les armées eldar aux combats. Les siens avaient statué sur son sacrifice pour qu'eux puissent vaincre. Ou être vaincu ? Pourquoi ? Il se rendit compte qu'il avait crié cette dernière question et se reprit. Puis poursuivit.

"Pourquoi ? Pourquoi moi ? Je devrais périr ici, seul, pour tout un peuple qui se dit condamné ? Laisser ma vie à ceux qui disent l'avoir déjà perdu ? Quel futur dois-je sauver ? Quel futur ne nous sommes-nous pas déjà fermé ? Je suis le fils déchu de pères maudits ! à qui on a enseigné que peine et tourment ! Et quoi ? Mourir pour ces larmes ? Exhorter encore un peu plus leur culpabilité ? Quel honneur ? Quel honneur ! Proférer un peu plus ce rituel criminel, ce culte coupable, non ! Chaque mort est une condamnation de plus ! Nous qui sommes acculés par le temps devrions creuser un sillon de sang parmi les nôtres ? ! Plus jamais ! seules les étoiles peuvent encore nous sauver..."

Les flammes vermeilles qui dansaient dans les orbites du grand masque funèbre de l'Avatar restèrent indifférentes. Il n'avait rien entendu. Le dernier Dieu des Eldars était resté sourd à ses imprécations. Non, Obardiel ne mourrait pas pour lui, pas pour ce visage de barbarie qu'il donnait aux siens. "Plus jamais", murmura-t-il en prenant sa décision. Alors que la main, immense et crochue, se levait pour venir se saisir de lui, avec cette lenteur qu'ont les rites sacrés et immuables, il bondit et courut vers l'une des lames émergeant du mur. Le temps sembla s'étirer alors qu'il se jetait sur la pointe effilée, savourant, malgré la douleur qui éclata dans sa poitrine, cette victoire étrange sur une entité ancestrale. Khaine. Mais la main avait suivi son mouvement et menaçait de se saisir de son corps et de son coeur. Obardiel, pour la dernière fois, plongea dans son enseignement de Chanteur, sa voix s'élevant malgré le choeur démoniaque du Trône en fusion ronflant derrière lui. Et la Moelle répondit à son chant de cygne, s'ouvrit en lui en des milliers de pétales fins et tentaculaires venant s'évaser dans ses veines. Elle accueillait son âme directement dans le Réseau d'Infinité. Forgée par ses ultimes larmes. Et Obardiel mourut. L'Avatar referma sa serre griffue sur une coquille vide couverte d'une mante.
Obardiel eût l'impression, métaphorique, que ses tympans allaient rompre. Le crissement du Glissement dans la Toile des Esprits, les mots de ces derniers unis en un seul et insupportable hurlement l'auraient anéanti sans son savoir en ce domaine. Et il voyait à présent, autour de lui, l'horizon incertain aux nuances enflammées où vibraient des vagues violacées. Et partout, autour de lui, des filaments argentés s’élançaient dans le brouillard aux couleurs changeantes, noyaux de réalité dans ce coeur d'irréel. Obardiel se sentait libre. D’une liberté incroyable, comme si toute sa vie n'avait été que chaînes et geôles pour s'ouvrir sur l'Extérieur. Et pourtant, il savait qu'il n'avait pas le temps de s'appesantir ici : les Exarques allaient bientôt deviner dans les émanations psychiques que quelque chose n'allait pas et les Prophètes des Esprits le pourchasseraient dans les landes dorées du Réseau qu'ils connaissaient mieux que lui. Il n'éprouvait pas de honte, juste de la fureur à la simple idée qu'on puisse tenter de le juger pour avoir commis le crime de vouloir vivre. Il ne savait même pas quel était le châtiment pour celui qui fuyait le sacrifice à l'Avatar. En réalité, il n'avait même jamais pensé qu'une telle fuite était possible. Et pour ne pas que ce miracle eût été vain, il s'élança dans les nuages vacillants du Réseau.
Il ne vit qu'au dernier moment la silhouette sombre émerger d'une masse vaporeuse pour s'immobiliser dans les airs virtuels devant lui, une aura, comme l'onde dans l'eau, l'entourant comme conséquence de son brusque arrêt. Obardiel s'interrompit lui aussi. Comment les Prophètes avaient-ils pu réagir si vite ? Et s'ils avaient vu l'avenir ? Si cela n'avait été qu'un piège ? Il se rendit compte que sa personne s'était drapé de la mante bleutée et de nudité, réfléchissant ses pensées. "Me laisseras-tu passer ?" lui hurla-t-il au terme d'une seconde, d'une fraction d'infini. Il était impossible que ce Prophète n'eût pas compris qui il était et ce qu'il représentait. Le Prophète leva doucement la main en l'air et Obardiel s'attendit presque à la voir s'armer soudainement d'une lame mais lorsque son interlocuteur la rabattit, l'eldar en fuite remarqua un étrange gouffre argenté s'ouvrir sous eux. Et Obardiel comprit. Ils n'échangèrent pas plus de paroles alors que l'ancien Chanteur de Moelle s'enfonçait avec prestance dans le trou de chrome et regagnait la réalité, sous la forme d'un Garde-Fantôme.

La vue d'Obardiel revient soudainement, sous forme de vibrations toutes faites d'argent griffé de noir et de gris vaporeux. La vue du monde des esprits, comprit Obardiel qui se sentit, au coeur de la machine de psycho-plastique, s'étirer. Et il s'étira. Il sentait sous ses doigts les fibres de Moelle présentes pour soutenir son corps quand il était inoccupé. Et il se leva. Il ne savait pas encore bien ce qu'il pourrait faire du cadeau du Prophète. Il ne savait pas encore bien si c'était un piège ou une aubaine, s'il n'était qu'un pion dans l'écheveau du destin ou une variable insaisissable. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il était libre. Il pouvait être pris à présent, il s'en moquait, il avait réussi à se libérer de la malédiction qui pesait sur sa race. Il prit la direction de l'amas de branchage et de circonvolutions qui représentait leur spatioport et disparut. Cela ne lui était pas bien difficile. Inconsciemment, il savait que quelque chose avait changé de façon inéluctable, non que pour lui, mais pour plusieurs êtres. Le destin venait d'entamer une nouvelle danse, une nouvelle courbe qui entraînerait les âmes des suppliciés à sa suite.
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MessageSujet: Re: Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles   Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles EmptyLun 23 Oct - 13:36

4. Agnus Dei
L’histoire, bien souvent, se peint dans la guerre et la folie, si proche du génie qu’elle se mêle à lui pour brûler d’une flamme si puissante qu’elle illumine les ténèbres de l’oubli. Dans ces flammes montant jusqu’au panthéon, vrillant d’une caresse ignée les âmes malheureuses en de terribles libations, gorgeant la terre de l’humeur vermeille des faibles. Les hommes, dressés dans l’hubris, viennent à faire trembler les fondements du ciel par leur fureur, levant des océans d’un sang souillé par leur folie carnassière. C’est cela, le jour de folie. Le jour de colère, assombri par les cendres mêlées à la boue, par la terre elle-même qui s’est levé pour mettre fin au joug improbable des êtres qui se détruisent eux même. Tel est ce jour où la raison se verra disparaître sous le coup d’une passion puissante et sanguinaire.
« Hais-moi ! »
Les lames s’entrechoquèrent avec brutalité, comme un tonnerre de métal. Le regard d’Ysial brillait de fureur, d’une haine implacable, au-delà de toute logique. Elle était comme de l’acier chaud que battait de son rire Maelian. Ce dernier retira son épée de l’étreinte glacée pour volter sur lui-même, assénant un coup de taille à Ysial qui ramena sa lame contre lui, pointe vers le bas, parant l’assaut sous le ciel qui se déchirait d’un crissement argenté. Ils étaient baignés de pluie, de sang qui coulait au sol et venait rejoindre celui qui avait déjà été versé. Dans un hurlement, Ysial se fendit, sa lame fouettant l’air dans ce qui aurait pu être une voix sifflante pour accompagner la sienne. « Je sens ta colère ! Elle me rend plus fort, tellement plus fort ! Tout ceux que tu as tué par colère, tout ceux-là n’ont été que des sacrifices à ma gloire ! éructa l’Eldar Noir, qui se jetait sur de nouveaux appuis pour esquiver de sa souplesse féline.
- C’est toi ! C’est toi qui mourras en dernier ! » hurla l’Archonte, bondissant déjà en abattant sa lame dans un arc bleuté sur son adversaire qui sortit de sa trajectoire d’un pas, ramenant en un coup précis sa lame vers la nuque de l’Eldar emporté par son mouvement. Ce dernier se jeta au sol et y roula, reprenant une position offensive alors qu’arrivait sur lui son adversaire, armant un coup en diagonal qu’il encaissa, sa lame frottant celle de Maelian dans un hurlement, marqué par un nouvel éclair, venu zébrer les cieux peu amènes. Soudain, Maelian baissa son épée incurvée, comme s’il cédait soudainement à la force de son ennemi et le laissa basculer en avant, se tirant, d’un pas de danse, de sa course, n’y laissant que le tranchant d’une dague apparue dans sa main gauche. Le flanc mordu, Ysial se ressaisit avec la vivacité des siens, alors que son adversaire avait déjà sauté, ses lames formant une croix aux reflets d’un bleu grinçant de cruauté. Ysial recula sous le choc du coup, essayant de reprendre sa garde avant d’être interrompu d’un coup de pied à la poitrine qui le désarçonna. Il chuta brutalement dans une flaque. Il avait lâché sa propre épée. « Tu vas périr, murmura Maelian. Et ton âme ira rejoindre toutes celles que j’ai déjà consumé pour ouvrir le portail. Je vais déverser sur les humains le fléau des nôtres. Et nous viendrons prouver à la galaxie entière la puissance du vrai peuple eldar. Tu as échoué, une fois de plus. » Maelian souriait, levant sa lame pour préparer le coup de grâce. Mais ce dernier ne mordit que la pierre, l’Archonte roulant sur lui-même avant d’effectuer un croc-en-jambe qui fit tomber son adversaire. Il lui bondit dessus. Le tonnerre roula à nouveau, soulignant la violence des coups de poings qui s’abattaient, implacables, sur le visage de l’Eldar Noir. « JE TE DETESTE ! hurla Ysial au visage ensanglanté mais souriant de Maelian.
- Tues-moi. Tu as déjà perdu. Quoique tu fasses, tu es déjà ce que j’ai voulu faire de toi… un monstre. »
Ysial hésita, son corps tremblant, ses muscles bandés, l’adrénaline se déversant dans ses veines. Un monstre…

Grit était ce qu’on appelle, dans une Cité-Ruche, un « brave gars ». Il était loquace quand il le fallait, mais pas trop arrogant non plus. Il savait se faire apprécier dans son humilité, placer deux trois remarques bien senties au bon moment. Il avait même réussi à s’attirer la sympathie de Chef Puqk, un vétéran ogryn râleur et brutal. Bref, Grit n’avait que les qualités du survivant de l’enfer des bas-fonds. Et pourtant, il avait un défaut tout de même, un vice, une pulsion à assouvir qu’il entretenait en secret. Les filles. Les belles filles qu’on voit dans les bars, celles qui s’habillent si court qu’on se demande comme le tissu tient encore sur leurs formes affriolantes. Oui, ces filles-là, il les aimait, peu importait leu consentement, d’ailleurs. Comme cette danseuse, qui s’était trop débattu pour sa propre vie et demeurait à présent un corps sans vie aux pieds de Grit, caché sous les arcades d’un bâtiment aux allures de cathédrale. Son sang formait une flaque sombre sous elle, alors que Grit rangeait son couteau. Il l’avait aimé jusqu’à son dernier souffle, pour sûr. Il sentait encore ce pouvoir bestial en lui, grognant de cette fureur qui l’avait poussé à l’acte. C’est alors que Grit perçut quelque chose, une présence incongrue rôdant tout proche. Car Grit n’était pas un simple badaud. C’était aussi un Wyrd. Il se détourna du corps et cria : « Pas la peine de rester planquer mon gars, je sais que t’es là. » Une forme sortie alors de l’ombre, haute et élancée, drapée dans un long manteau. « Eh ben mon gars, tu t’es perdu ? demanda Grit, sur le ton de la discussion, comme si de rien n’était.
- J’ai perçu, chanta l’homme, les plaintes psychiques de cette fille. Dans résonances des échos de tes râles ; vibrant dans le Warp.
- Je sais pas ce que tu veux, mon gars, mais c’pas le bon endroit pour en faire trop. Tu veux pas qu’on aille battre du râtelier ailleurs ? » Puis soudain, Grit comprit pourquoi il percevait si fort les émanations psy de cet homme. Un Eldar. Ces Xenos étaient tellement sensibles au warp. Puqk disait même qu’ils étaient tous des sorciers. Et Puqk en connaissait un rayon. « Tu… tu vas me tuer, hein ?
- Oui, répondit froidement l’Exodite, s’agenouillant pour venir effleurer du bout des doigts le sol sale battu par la pluie. Je me gorgerai, comme tu l’as fait, de la souffrance psychique. » Grit crut entendre un chœur au lointain, comme si quelque chose lui échappait, comme si c’était la vie qui se jouait là. Peut-être n’était-ce que les émanations psychiques de cet homme qui le rendait fou. Peut-être. Mais il croyait bien entendre un chœur furieux accompagné cette présence.
- T’es… un des types de Maelian ? Ouais ? Il engage des Psykers… il m’a fait une offre, mais j’ai refusé… tu viens… pour me le faire payer ? T’es… qu’un foutu pion de ce malade d’Eldar Noir ! T’es qu’un… » Grit s’interrompit. Le flot pressé de ses paroles se perdit alors que la silhouette de son interlocuteur s’était soudainement accroupie, comme un chat prêt à bondir. Le Wyrd n’attendit pas plus pour libérer, de ce réflexe aisé qui qualifie tout les gens de son genre, des éclairs nés du Warp. Mais rien ne semblait arrêter l’Archonte qui exécuta un saut d’une précision acrobate pour atterrir derrière le ganger. D’un éclair métallique, la tête de Grit se sépara du reste de son corps et roula dans la flaque vermeille de la jeune fille, à laquelle vint se mêler les quelques jets rapides qui jaillirent du cou du mort avant qu’il ne chute lourdement au sol. Et c’en était fini de lui.
Ysial se laissa tomber à genoux, observant les derniers soubresauts nerveux agitant les épaules à présent esseulées de toute tête. Et il se souvint…

L'apocalypse était la révélation. L'heure à l'odeur de soufrière plongeant l'esprit dans les tréfonds de l'âme noirci des hommes. Un éclair violassé vint marqué la fin de la connexion entre l'esprit de l'archonte et le Réseau d'Infinité. Il était à présent assis, la tête entre les mains, la Pierre-Esprit aux reflets encore rougis de son sang sur les genoux. Les tentacules de Moelle s'étaient retracté sur la surface ridée de l'écorce nacrée du Mausolée. La silhouette élancée de Kyliandhyr se découpa dans la pâle lumière des globes bioluminescents, sans un bruit, laissant simplement les ondes qui émanaient de sa présence dans l'écheveau annoncer son apparition. Malgré les ténèbres bercées d'une lueur bleutée, il vit le jeune archonte lever la tête vers lui. Le Grand Prophète vit même le regard du jeune eldar, et put y lire le dessin du destin en train de s'accomplir. Il avait déjà rêvé cette scène et connaissait les reproches que lui ferait Ysial. Ce qu'il n'avait pu encore voir, c'était la teneur de la fureur qui l'ébranlait à présent, et dont les élans psychiques l'amenaient près de cette voie qui précipita la chute de tout un peuple. "Comment avez-vous osé ? Ce silence, pensez-vous que c'était la solution ? Vous pensiez que je ne saurais jamais rien ? Que jamais je ne ferais la lumière sur mon père ?
- Tu n'étais pas prêt. Le temps façonne l'esprit et le prémunit contre les sentiments trop extrèmes.
- Vous m'avez menti !" Ces mots résonnèrent un instant sous la voûte comme un fracas de tonnerre. "Vous m'avez menti ! répéta-t-il. Il n'est pas mort en héros ! Il est mort en traître ! il a trahi son peuple par haine ! Il a tourné le dos à sa femme et à ses deux enfants ! Et vous... vous...
- Je lui ai donné la paix, Ysial. Et j'ai vu son visage. Je sais à qui il pensait quand il a expiré son dernier souffle. Je sais que son esprit n'est pas allé au Dévoreur.
- Comment pouvez-vous en être si sûr ? COMMENT ? J'ai compris maintenant, pourquoi Maelian a volé la Pierre-Esprit dans le Temple Scorpion !" A cela le Grand Prophète ne répondit rien, reprenant d'une voix plus douce que sa dernière réplique, qui avait été presque cassante, bien plus qu'il ne l'avait voulu : "Cette histoire est à présent dans vos mains. La voie que tu suis est dangereuse, mais juste. Elle pourrait te mener sur les traces de nos Pères. La Vengeance n'est pas un acte de justice. Un vaisseau a déjà été affrêté. Rends-toi à la ville mon-keigh nommée KoronCity et récupère la Pierre-Esprit de l'Exarque Uliendio Kalidias. Fais-lui honneur." Ysial serra dans sa main la garde de sa lame-Sorcière posée sur le rebord de son siège et ses dents grincèrent. C'était le droit à la mort que lui avait délivré Kyliendhyr. Le droit à la vengeance et à la juste vendetta. Maelian payerait le prix de la traîtrise.

La Nuit écarlate tombait sur les piques de KoronCity alors qu’Ysial en remontait une des artères d’un pas pressent, chaque nappe de brouillard entre lui et ce petit appartement où il dormait depuis le début de sa quête formant dans son cœur un frisson pénible autant que rassurant. L’appartement et Cilla qui y dormait encore. Il ferma les yeux en se concentrant puis les leva sur le ciel sans étoiles qui dominait la vue depuis les replis sur la panse métallique de la cité, dont la pointe culminait dans les nuages à plus de 4km du sol. Les étoiles… quand reverrait-il le Vaisseau-Monde ? Il n’était même pas sûr que ce dernier lui manquât. On lui avait tant parlé de la difficulté qu’éprouvaient les eldars à vivre en dehors de leur navires interstellaires que cette impression soudain de liberté était déconcertante. Le Vaisseau-Monde demeurait le repère qui éclairait la voie qu’il s’était choisi des lumières de la légitimité. Et il en avait eu besoin. Mais à présent, son esprit se perdait dans les méandres complexes de la ville dans les cités-ruches. Il sentait qu’il pouvait devenir l’une des ombres qui parcouraient les arcades soutenant les vitraux du palais d’administration de l’Adeptus Ministorum. Il sentait l’odeur des hydrocarbures, des métaux lourds emplissant l’atmosphère d’un nuage noir et nauséabonde. Mais il savait qu’il pouvait s’y faire. La vie s’adapte.
Il ne désirait qu’une chose, présentement. Comprendre. Sa main effleura la gemme fichée dans la garde de sa lame-sorcière, un léger frisson naissant à la base de sa nuque à ce simple contact alors qu’il laissa ses sens s’obstruer de la passion de la mort, une passion qu’il avait découvert dans les bas-fonds, poursuivant ceux dont l’empreinte psychique empestait tellement qu’elle était facile à traquer. Oh et cela avait rudement fonctionné. Le sang, la langueur psychique de l’agonie alors que leur âme sombrait dans le warp, se dispersait dans l’immatériel écheveau du temps et de l’espace. C’était donc cela, le réel plaisir conféré par la lame. Le droit à la vie et à la mort, le jugement de ce qui est et de ce qui ne doit pas être. Voilà la réelle puissance ! Pouvoir jauger de la valeur d’une existence, la tenir au creux de sa main et la reprendre tel un dieu vengeur.
Et soudain, il y avait eu Cilla. Et il ne comprenait plus. Elle était venue à lui, les paumes ouvertes vers le ciel, les yeux assombris d’une étrange gaieté mêlée de tristesse et la bouche pleine d’un chant de traîtrise. Elle le lui avait dit. Elle était espionne de Maelian. Mais quelque chose l’avait empêché de la tuer. Son châtiment ne s’appliquait pas à elle. Il ne comprenait pas. Il l’aurait sans doute tué, mais son regard l’en avait dissocié. Il y avait songé. Même alors, quand plus tôt, il se glissât hors de la couche qu’ils partageaient, il songea à la tuer. Ce besoin hurla en lui, soudainement, venu des entrailles de son être comme un besoin indispensable, une faim féroce venue le noyer de sa douleur furieuse. Mais il n’avait pas pu s’y résoudre. Cilla ne se soumettait pas à son jugement. Pas dans sa façon de lui parler. Elle parlait peu. Elle laissait ses grands yeux gris exprimer ce qu’elle avait à communiquer. Sa bouche était toujours tordue dans une moue affligée, ses cheveux baignaient la plus grande partie de son visage et son maintien, discret, la faisait paraître pour plus petite qu’elle ne l’était. Une espionne certes parfaite. Et pourtant, elle lui avait révélé le plan de Maelian.
Ysial n’était pas assez stupide pour ne pas s’être douté par avance de ce que mijotait l’Eldar Noir. Mais l’ampleur stupéfia son cœur d’effroi, à mesure que les mots, bien nets, bien marqués, s’écoulaient de la bouche de Cilla, qui le regardait sans le voir, comme toujours, ailleurs, mais résolument présente. Maelian projetait de noyer la capitale dans les Limbes entourant la cité des Déchus. Et pour se faire, il voulait ouvrir un portail, tissé dans le malheur de la cité, dans l’émanation de la souffrance de dizaines de millions d’habitants. Il utilisait comme catalyseur de ce malheur spectral des psykers ayant échappé à l’Ordo Hereticus. Ysial se souvint avoir regarder Cilla, se demandant à nouveau pourquoi il la gardait en vie, alors qu’un puissant sentiment de mépris étreignait son âme, considérant la pauvre petite chose qui lui faisait face. Mais non, il ne put s’y résoudre. Et elle demeura là, à regarder fixement ce point au sol. Dans le silence. Le silence.
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MessageSujet: Re: Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles   Warhammer 40.000 : Par-delà les Etoiles EmptyLun 23 Oct - 13:37

Et le tonnerre de l’acier. Le hurlement de la lame. La clameur des vivants contre le souffle des morts, dans le hululement du vent d’outre-tombe venu prendre ses partisans dans l’autre côté. Maelian l’avait amené ici. Maelian avait joué cela depuis le début. Même Cilla n’avait été qu’une étape dans cette guerre qu’ils s’étaient livré depuis le premier jour, depuis qu’Ysial avait posé un pied sur KoronCity, depuis qu’il avait pris la décision de retrouver l’eldar noir. Et Maelian avait gagné.
L’Archonte était couvert de sang. Le sang des psykers. Ils étaient tous morts. Tous jugés. Et condamnés. Ils ont été prompts à mourir, faibles, couards. Et Ysial les méprisait pour leur lâcheté, alors qu’il abattait le dernier, qui s’effondrait dans un gargouillis grotesque. Il avait émergé du ciel griffé de blessures bleutées et était tombé sur eux comme un noir fléau, sur la large terrasse gothique de la pointe effilée abritant les bureaux administratifs de KoronCity. Il s’était glissé dans la noirceur de la nuit pour plonger sa lame dans le cœur des traîtres, puis avait rampé sur la barge antigrav qui prenait son essor. Devant la force de sa fureur, les hommes avaient faibli. Leurs hurlements s’étaient noués dans les airs comme la sombre toile de la mort, dans un fil d’un vert assombri, d’un éclat du Styx. Le grondement des cieux avait frappé à chaque coups de lames, accompagnant leur cris d’agonie. C’était la fin. La pluie a commencé à tomber sur la plate-forme qui s’élève entre les pointes effilées surplombant la capitale. Les nuages s’étaient réunis, célébrant la messe de la destruction, attendant leurs tributs de têtes. Le tonnerre roula alors que l’Archonte se relevait et faisait face à l’Eldar Noir, à la gemme brillant d’un rouge sang sur le plastron de son armure aux lames de noirceur. « Cilla n’est pas morte. Tu le sais, non ? Elle est vivante. Tu ne sais même pas ce que tu défends. Tu viens ici pour réclamer le sang. Tu t’en abreuves, expliqua Maelian de sa voix calme.
- Tu fais honte à notre peuple, répliqua Ysial, durement.
- Ils savent s’attirer la honte sans mon aide. Tu es pathétique. Un guerrier sans cause, tâtonnant dans le noir. » Ysial s’élança, mais au fond de lui, il savait. Il avait tourné le dos à Cilla pour la haine. Elle n’était pas morte. Mais à l’étrange ronflement qu’il éprouvait en sa poitrine face à elle, il a préféré la froide et douce humeur déversée par la destruction. Ce duel n’en était plus un à présent. Ysial savait que chaque coup qu’il porte à Maelian est un coup qu’il se donnait à lui-même. Etait-il prêt à mourir ? Etait-il prêt au dernier sacrifice ? Que valait sa vie ? Quel serait son châtiment ?

« Un monstre. »
Ysial observa son frère, son visage mouillé par la pluie avait subi les assauts de sa folie, sa beauté d’antan s’était muée en un masque de démence souillé de sang. Les émanations de haine, de souffrance et de douleur formaient un écran circulaire presque opaque autour d’eux, crépitante de flux nouveaux qui venaient la nourrir davantage. La lame d’Ysial était glissée sous la gorge de Maelian, retenant ce dernier immobile au sol, attendant le coup de grâce. Et l’Archonte leva la tête. « On voit les étoiles, d’ici, Maelian. Cilla aurait aimé les apprendre. Père s’y trouve peut-être encore. » C’était cela, le message porté par Cilla. L’erreur de Maelian. Le destin des Eldars. Tout cela se trouvait dans le regard de Cilla alors tel que son souvenir la peignait encore dans son esprit. Il se pencha, la lame glissa de la gorge de l’eldar noir à son plastron et délogea la Pierre-Esprit qui s’y trouvait. « Père doit retrouver la paix. C’était cela, mon but. Je ne suis pas un guerrier, Maelian. Jamais. Un défenseur. La vie, Maelian. Tu pensais que j’apprendrais la haine dans les bras de Cilla ? Je sais ce que j’y ai découvert. La vie, tout simplement. Suis-moi, mon frère. » Ysial rengaina sa lame. L’air lui semblait meilleur à cette attitude, sur la large barge où devait se dérouler le rituel d’ouverture du portail. L’image de Cilla s’installa dans son esprit, et il s’en enivra tout en avançant vers le tableau de commande de la plate-forme. Ses doigts pianotèrent sur le moniteur, affichant les mesures mon-keigh. Il sentit cette présence chaude et rassurante contre lui et comprit soudainement l’étendue du sacrifice pour la race. Cette béatitude ne quitta plus son visage, même quand la dague torsadée de Maelian se figea dans son dos. Son corps vacilla, tituba, il semblait que le sol se dérobait sous lui jusqu’à la chute. Ce n’était pas un sacrifice à la vérité, c’était le don d’empathie.
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