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 Silent Hill : Twilight Ending

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Mille-Visages

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MessageSujet: Silent Hill : Twilight Ending   Silent Hill : Twilight Ending EmptyMar 17 Oct - 18:45

Bon, voilà ma fan-fic. Attention, je tiens à prévenir mes lecteurs que certaines scènes peuvent quand même choquées. Mon but était de rester fidèle au modèle et donc, il était obligatoire que la nouvelle soit parcourue de passages plutôt obscurs et violents. J'espère qu'au-delà de cette limite, elle vous plaîra.

________________________________________________________

Silent Hill : Twilight Ending

I.
" - Je vous écoute.
- Ma vie est... bizarre, vous savez. Je veux dire, elle semble parfois déborder, je me sens trop étroit, trop faible pour supporter tout ça.
- Stop.
- ...
- Vous avez tiré dans la jambe de Catherine Fellaway. C'était de la chevrotine, sa cuisse a éclaté comme une pastèque trop mure. Elle fuyait. Vous avez ensuite déversé du plomb sur son crâne jusqu'à ce que la moitié de son corps ne soit plus qu'une bouillie pulpeuse de chair et d'os.
- Je... c'était après. Mais bien avant. Elle m'a tué en premier.
- Vous n'êtes pas mort.
- Je fais bien semblant."


"Alors comme ça, vous v'nez de la ville ? Moi, j'y suis jamais allé, à la ville. J'aimerai bien. Il paraît que les filles y sont jolies. Ici, les filles sont pas jolies, si vous voyez ce que je veux dire. Y'a que ma cousine, qu'est jolie. Pourquoi vous venez vous enterrez ici ? Vous allez vers Silent Hill ?"
Son interlocuteur resta muet.
"Y'a pas vraiment d'jolies filles non plus, là-bas. Avec Ron, un bon pote, on va parfois chasser le chien d'prairie vers le versant qui file jusqu'à Silent Hill... vous avez déjà chassé le chien d'prairie ?"
Pas de réponse.
"Enfin, on est jamais descendu jusqu'à Silent Hill-même, hein. Nan, on était bien là, on était planqué, j'vous dis pas. Le versant est désert. On y allait avec ma cousine, souvent."
Aucune réaction face au sourire goguenard. La station service était battue par une pluie fine et continue qui plongeait dans les nids de poules béant qui parsemaient le macadam tourmenté. Ils étaient les deux dernières silhouettes à demeurer sous les flots diluviens. Jusqu'à ce que l'homme se détournât simplement et avança d'un pas résigné jusqu'au drugstore pendant que le pompiste finissait son plein en bougonnant. Il s'arrêta devant la cabine téléphonique et y pénétra. Le combinet pendait mollement au bout de son cable. Il s'en saisit et le porta à l'oreille. Son interlocuteur était là. L'homme se contenta d'écouter en hôchant la tête, comme il le faisait tout le temps. Il libéra le combinet qui vint pendre comme un corps mort et sortit pour se diriger vers la supérette.
A l'intérieur, personne. De larges rayons éclairés et immaculés. Aucun regard pour le suivre, ni l'espionner. Juste une caissière. Une vague de froid heurta l'homme alors qu'il faisait marche vers les larges réfrigirateurs. Un miaulement. Il tendit le cou, fit un pas encore. Ca n'a pas l'air d'un miaulement. Non, on aurait dit davantage une voix humaine. Etranglée, étouffée. Qui imitait un chat, peut-être. Dans le réfrigirateur. "Vous devriez pas prendre de c'te viande, elle est dégueu" entendit-il derrière lui. Il se retourna et ses yeux voilés de lunettes de soleil rencontrèrent ceux bovins de la caissière. "La nuit est humide, hein ? J'aime les nuits humides. Il y arrive toujours des trucs formidables, expliqua-t-elle, mâchonnant son chewing-gum en tirant sur son pendentif circulaire. L'homme ne répondit pas. "La pluie, elle s'engouffre dans les trous profonds, sur le parking. Ceux-là, vous tomberiez en enfer, pour peu. Mais l'eau, ça va l'appaiser" poursuivit-elle. L'homme l'observait avec une intensité déplacée, sans répondre quoique ce soit et soudain, son regard la quitta pour se plonger dans un des rayons. Il cligna des yeux. "Qu'est-ce qu'il y a ? Vous avez vu un fantôme ?" questionna la caissière. Mais l'homme était absorbé par ses pensées. "Ah, ce doit être la dame qui vient souvent. J'ai oublié son nom. Elle est toujours là, jusqu'à la fermeture. Mais elle est très discrète. Je ne la vois que rarement. Elle est tapis dans le blanc..." Et la caissière partit d'un long rire alors que l'homme s'engouffrait dans le rayon, cherchant la silhouette trapue. Il courrut. Et s'enfonça dans une allée qu'il ne connaissait pas. Bricolage. Il reprit un peu son souffle et vit une épaisse lame, pointe vers le bas. Dentelée. Il s'en saisit mais elle glissa de ses mains. La poignée était pleine d'un liquide sirupeux et gluant. En chutant, elle fit un fracas tel qu'il s'en tint les oreilles, et son visage se crispa dans un éclair de douleur. Etant tombé sur les genoux, il laissa ses doigts se prendre dans la grille qu'il surplombait à présent. Le contact avec le métal froid le galvanisa, jusqu'à ce qu'il entende un hurlement grinçant. Il se saisit de la lame, épaisse, grotesque, d'un noir sillonné de rouge croûteux. Il se retourna et fit face à la tourmente de chair qui râclait le sol à chacun de ses pas. Avec des bouches sordides, maquillées, qui gloussaient en le narguant. Et ça se répendait, sur les étagères, sur le sol, tout autour de lui, étouffant. Ses doigts se crispèrent sur la garde et il s'élança. Il hurla, pour la première fois.
Il revint à la caisse. Ses yeux souffraient de la lumière omniprésente. La caissière lui dit : "La pluie lave tout". Et il leva sa lame. La tête de la caissière tomba au sol sans plus d'autres bruits. Il s'en saisit avec douceur, la détaille et la laissa sur le tapis roulant avant de sortir.
Les billets qu'il tendit au pompiste sont maculés d'un liquide sirupeux, mais l'homme s'en moquait. Il continuait de gloser sur le viol de sa cousine. L'homme lui adressa un regard, s'interrompant. Il se plaça face à lui et fit son signe de croix. "Vous êtes prêtre ?" demanda soudainement le pompiste, mais l'homme fit signe que non. Après un long silence, le pompiste baissa la tête. "Oui, elle est morte. Elle s'est suicidée l'année dernière". L'homme ouvrit la portière de sa voiture, posant contre la pompe l'épaisse et grotesque lame, en guise d'avertissement. La voiture démarra.
La lame n'était plus là.


II.
"- Mademoiselle Wendy Devins nous a tout dit.
- Elle aurait dû se taire.
- C'est pour cela que vous l'avez tué ?
- Alors elle est morte.
- Je viens de l'apprendre.
- Non. Les haines ne se déclarent pas comme ça. Tout est pensé, consumé. Jusqu'à ce que vous ne viviez plus que pour cela, que vous ne sentiez plus que ça dans vos veines. Là, c'est prêt. Elle aurait dû se taire, elle m'aurait fait culpabiliser. Mais qu'elle ait parlé ou pas, finalement, cela revient au même. Elle serait morte."


Il n'y avait pas ou peu de lumières ici. En fait, il faisait presque totalement noir. Et cela faisait longtemps que personne n'avait rallumé. A bien y réfléchir, on pouvait se demander si quelqu'un l'avait déjà fait. Alors Sarah demeura dans le noir.
Elle songeait au début de cette histoire en fronçant les sourcils, cherchant à retracer l'accumulation de ses jours. Et pourtant, elle doutait. Cela avait dû commencer quand ils avaient découvert son cancer. Elle ne savait même pas ce que c'était. La prolifération de métastases dans son organisme ne suscitait pas d'inquiétude chez elle. Ou du moins autant que face à un danger nébuleux, comme l'apocalypse. Et pourtant, elle l'avait compris depuis. Les médecins n'avaient pas fait d'efforts pour essayer de lui faire admettre la situation instable dans laquelle elle était. Non. En fait, ils s'étaient étonnés qu'elle fut encore en vie en découvrant son passé, à travers les multiples fois où elle avait été hospitalisé. Elle n'avait pas fait d'effort de son côté non plus pour leur prouver le contraire et s'était retrouvée finalement bloquée dans un couloir froid et impersonnel, une perf' plantée dans son bras pour quelques obscures raisons et une vieille dame, rachitique, la peau flanquée sur des os taillés à la serpe, des cheveux filasses gris, dont elle expliqua la chute par la pression exercée par sa coiffe. Elle était bonne-soeur dans un couvent français. Elle aurait douté qu'il existât encore des couvents français dans la région. Même qu'il en eût existé par le passé. La bonne-soeur ne cessait de dire que si le matériel l'avait abandonné, il n'était pas trop tard pour se repentir de ses péchés passés et se tournant, dans un chemin de croix spirituel, vers le seigneur. Elle demanda alors à la bonne-soeur quelle place avait le cancer dans le Dessein de Dieu. Et la bonne-soeur lui dit qu'elle ne voyait là que l'oeuvre du diable. Sarah songea qu'elle aurait dû s'en douter, en fait.
Mais tout ceci était loin. Elle avait toujours la perf. Mais elle était seule, à présent. La bonne-soeur, elle pensait qu'elle était morte, ce qui était sans doute mieux pour tout le monde. Sauf qu'à présent, plus aucun médecin ne venait la voir. En fait, on aurait dit que tous l'avaient oublié. Elle aurait cru qu'ils feraient des efforts pour soigner son cancer, si elle n'en faisait pas. Mais en fait, ils s'en foutaient éperduement et ils la laissaient avidement mourir seule. C'était ça, alors, la médecine moderne ? Soit tu te bouges, soit on te crève. Sauf qu'elle n'avait pas le courage de bouger seule et observait sans relâche la porte de sa chambre en attendant désespéremment qu'elle s'ouvre. Mais il n'y avait même pas un bruit derrière. Si, parfois, un glissement. Finalement, elle se leva. Ce geste était mu autant par une forme d'indignation sourde que par une soudaine et brutale curiosité. A quoi cela servirait de rester dans sa chambre, esseulée, loin de tout ?
Elle sauta de son lit et avança vers la porte. Elle posa son oreille contre et écouta. Rien. Elle poussa la porte doucement. De la rouille. Les murs étaient plein de rouilles. Ils avaient fait pire que de la condamner, ils l'avaient oublié ! Et depuis longtemps. Elle fit quelques pas, bien contente d'avoir pris, tout de même, ses Doc Martens. Rien qu'à voir l'état du sol, elle frissonnait en imaginant la plante de ses pieds entrer en contact avec. Un instant, elle se dit que sans doute, l'intérieur de sa personne devait ressembler à ça. Mais ce trait d'humour ne la fit pas rire. Elle tendit les doigts vers la surface rougeâtre du mur et l'effleura du bout des doigts. Un frisson lui parcourut le dos à mesure que son imagination faisait la comparaison saugrenue mais plutôt tentante du contact de ce revêtement avec une peau de grand brûlé. Un frisson écuma le long de son échine alors qu'elle s'en écartait et guêtait, dans l'ombre brumeuse qui végétait dans les couloirs, le moindre signe de vie.
Elle trouva la cage d'escaliers et s'y glissa sans un bruit, commençant à descendre calmement. Bientôt, alors que les marches se succédaient, elle sentit sous son pied un arc. Elle s'interrompit. Cela faisait un moment qu'elle avança dans la pénombre, levant son regard vers le plafond où un dôme laissait entrer une lumière fugitive et fantomatique. S'accroupissant, elle plissa les yeux et scruta la pénombre. Là, des brancards avaient été jeté pêle-mêle. Sans doute dans la confusion la plus totale. Elle attrapa une des barres métalliques et tenta de tirer dessus, sans même parvenir à la faire bouger. Elle essaya de se glisser entre les arcs brisés des pieds métalliques, mais avec son ventre distendu, elle s'essoufflait rapidement. Elle envoya un coup dans cet amas et prit la première porte.
Le hall était désert. Elle lut la mention "Brookhaven" sur une plaque de bronze passé. Brookhaven ? Mais oui, elle y était venue. Elle y était encore, à vrai dire. Elle avait quitté Philadelphie. Son ventre le lui avait dit, et il avait fait si mal à cet instant qu'elle n'avait pu résisté. Elle était venue à Silent Hill. De toute façon, les médecins de Philadelphie ne pouvaient plus rien pour elle, alors pourquoi pas ici ? Ca n'avait pas l'air mal du tout.
Elle commença à marcher dans le couloir ombreux, les dalles brisées crissant sous ses pas et explora l'endroit.
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MessageSujet: Re: Silent Hill : Twilight Ending   Silent Hill : Twilight Ending EmptyMar 17 Oct - 18:46

III.
" - J'étouffe. A cause de vous, j'étouffe.
- Vous voulez arrêter ?
- Bien sûr.
- Mais vous ne pouvez pas. Alors reprenons. Vous êtes pris au piège.
- Je l'ai toujours été. Vous, vous ne voyez que ces murs-là. Moi, je vois tout les barreaux qui défilent devant moi depuis toujours. Mais ils ont été brisé."


Paul s'enfonça les ongles dans les joues pour étouffer un hurlement. Quelque chose d'animal puisé au plus profond de ses peurs, qui étaient devenus, depuis peu, une part importante et puissante de son quotidien. Puis il ferma les poings et frappa les planches irrégulières en grognant. Ses poings crispés s'abattirent encore, sans force, jusqu'à ce qu'il s'en lasse. Il rampa jusqu'à la porte et plaqua sa tête au sol pour essayer de voir par l 'interstice. Les deux hommes à l'extérieur dormaient, il entendait leur ronflement gargouillant. Tout avait commencé avec un dernier crissement de pneu.
Un dernier crissement de pneu. Le haut devenait le bas, le bas devenait le haut, jusqu'à ce dernier crissement de pneu et tout vira au noir. Le blackout total. Mais pendant ce fondu soudain, le bas en profita pour revenir en bas. Enfin, tout tournait encore un peu pour Paul. Il resta étendu sur le dos, sa poitrine se levant et se rabaissant doucement, ce qui énonçait pour lui un début de réconfort. Il respirait, il n'avait pas mal aux côtes. Enfin, un peu. Mais pas suffisamment pour lui faire souffrir le martyr. Il fallait ouvrir les yeux, maintenant. Il essaya, très fort. Ses yeux étaient... bloqués. Suivit un mouvement de panique et il manqua presque de se griffer le visage tant la peur de rester dans le noir l'etreignit avec force. Il parvint enfin à retirer les croûtes de sang couvrant ses paupières et enfin, il put voir. Certes, l'image qu'il eût fut diffuse et floue, mais au moins, il voyait. Il comprenait à présent que le haut était encore légèrement le bas, puisqu'il était couché sur ce qui fut un jour le plafond de sa voiture. L'animal était à présent allongé sur le dos, la panse crevée, se laissant mourir en couvant les lieux d'un oeil moribond. Paul se tira lourdement de sa voiture, ses doigts s'enfonçant dans la terre meuble. Il se redressa sur les bras et tenta de se lever. Et chuta à nouveau au sol. Il ne sentait plus ses jambes. S'asseyant contre la carlingue boussue de sa voiture, il les observa. Un morceau de métal était enfoncé d'au moins cinq bon centimètres sous le genou de sa jambe droite. Paul le vit avec une espèce de fascination étrange et tenta de tirer dessus. Outre la répulsion, il ne sentit rien. Sa jambe était complètement absente. Il lâcha le triangle meurtrissant sa jambe dans un bref sanglot. La gauche non plus, n'avait l'air de vouloir bouger. Tout à coup, il comprit ce que voulait dire cette situation. Il était... oh bordel ! Il tomba dans l'inconscient.
Il fut ramené en sursaut. Il venait d'entendre des détonations au-dessus de sa tête. Un buisson se secoua frénétiquement et en sortit ce qu'il assimila à un rat. Un gros rat. En plissant les yeux, il vit que c'était un chien de prairie, suivi de plusieurs détonations. Puis un gloussement. "Eh, Pat, viens voir par là, j'ai trouvé quelque chose...". Sa vision n'était pas encore accoutumé qu'il ne put voir la crosse qui s'abattit sur son visage.
Lorsqu'il revint à lui, il remarqua que ses doigts s'étaient fermement ancrés sur la pièce métallique. Ils essayaient de faire levier, comme pour faire sauter sa rotule hors de la chair. Un bref claquement l'assura de la bonne marche de cette entreprise, à laquelle il mit fin dans un frisson de dégoût et d'horreur mêlée. Autour de lui, il n'y avait que de le décor grotesque de cette pièce, toute faite de planches de bois. Il poussa un puissant râle et tira d'un geste brusque le triangle de sa chair. La pièce tomba au sol, le maculant de plusieurs traces d'un rouge sombre que Paul contempla longuement, la bouche close, comme si ces marques noires devaient receler d'un secret métaphysique. Mais non, rien ne lui répondait plus. L'horreur devenait palpable. Il se mit à pleurer soudainement, chaudement, n'arrivant plus à s'arrêter. Au point culminant de ces sanglots nerveux, il songea à la vengeance et dans son esprit naquit l'image de ces hommes qui l'avaient emmené ici. Il voulait leur mort. Ils lui avaient pris ses jambes. Il voulait plonger dans leur gorge ce triangle de métal qui s'était logé dans sa jambe. Le cherchant du regard, il ne le trouva plus.
Le monde s'était alors raccourci. Il s'était retrouvé là. Le monde devenait de plus en plus petit. En fait, il se sentait replié sur lui-même, il commençait à étouffer. A gronder de l'intérieur. Quelques gargouillements s'étaient échangés à l'extérieur. Il rampa vers la porte, à nouveau et tenta de regarder dessous. Et il vit l'enfer sur terre.
Silhouette puissante. Triangle. Rouge. Lame. Epaisse. Jugement.
La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre. Une rue. un trottoir de macadam mouillé de pluie. Il rampa dessus, des larmes roulant sur ses joues. Des larmes de joie. Il était libre. Diminué mais libre. Se traînant sur ses coudes, il aperçut quelque chose au sol. Un triangle de métal noir.
Il était parsemé de tâches de sang sombre. Et de tâches plus fraîches.

IV.
" - Vous avez agi seul ?
- De bout en bout, oui.
- Vous n'avez reçu aucune aide ?
- Non. Enfin, si, mais personne.
- Vous cherchez à couvrir quelqu'un ?
- Qu'est-ce qui vous fait le plus peur, Doc ? Que j'ai pu tout faire seul, ou que la personne que je tente de couvrir n'ait pas besoin de moi pour le faire ?"


Quand l'homme rouvrit les yeux, il était dans une pièce. Elle ressemblait vaguement à une salle d'hopital, confinée, aseptisée. La pièce était étouffante et il eût un bref hoquet, ainsi qu'un frisson qui lui glaça les membres et laissa dans son coeur un désir de fuite brûlant. Il cligna plusieurs fois les yeux avant de se lever de sa chaise, s'appuyant sur le petit meuble à sa droite pour gagner la porte. Il était dans l'immeuble communautaire de WoodSide, qui donnait sur Katz Street. Il se souvenait avoir garer sa voiture dans la rue. Il pleuvait fort et la forme du bâtiment se découpait dans la brume comme la silhouette d'un monstre iréel. Il ouvrit la porte et se glissa dans le couloir où, il tendit l'oreille aux bruits alentours. A part le bourdonnement lointain d'un climatiseur tournant à plein régime, rien ne put lui permettre d'identifié une quelconque activité humaine.
Des néons, dans le couloir. Et un souffle vulgaire qui suintaient des murs. Décollaient le papier et rampaient au sol. Des bruits de coups. Il s'arrêta devant la porte concernée et toqua, doucement. La porte s'entr'ouvrit. Se ferma. Puis s'ouvrit d'un coup, laissant une ombre en émerger soudainement, qui tenta de prendre la fuite. Il la percuta de l'épaule et elle valdingua contre le mur, emportée par son élan, pour aller échouer par terre. Une masse obèse apparut alors dans l'encadrement de la porte. Un ventre qu'un marcel tâché peinait à cacher, des bras en battoir, un visage en pli de chair, ricanant. "Bien joué, grogna-t-il. Lars."
Silence. L'homme leva simplement une liasse de billets roulés ensemble. "Attention à ce que tu fais. Regarde-la, tu vois, elle a l'air faiblarde, mais pas du tout. Tu vois, ces murs-là, ils sont plein d'oreilles et de silence. Rouge, tu vois ? Ils écoutent et voient ce que l'on dit ou fait. Et un jour ça leur plaît plus. Je les entends dire, quand je dors. En fait, je fais semblant et je les épies. Et là, je sais qu'ils préparent déjà la fin, tu vois ? Tu sens pas de petites mains te remuer quand tu dors ? Toi aussi, je le vois, on te prépare à ça. Elle, elle sait, elle les prévient alors ne dis rien. Oui, je m'occupe d'elle, tu saisis ? Comme ça ils sauront ce que je fais aux espionnes dans son genre. C'est pour ça que je te file aussi un coup d'main. Toi aussi, t'es dans le bain, ça s'voit de suite. Tu dois leur montrer. - Il se penche sur lui avec un air conspirationniste et ajouta : - Je l'ai planqué au vide-ordure, en bas, scotché à l'intérieur. Bonne chance." Et le titan sortit dans le couloir et attrapa la cheville de la femme, qu'il tira à l'intérieur de l'appartement. L'homme reste un moment à regarde cette main épaisse autour de la cheville. C'était celle où l'on voyait l'alliance. Le regard de la femme, bleu, humide, passa sur lui. Il s'en détourna pourtant et descendit les escaliers jusqu'au sous-sol. Là, la gueule béante du vide-ordure s'offrit à lui. Il y fit disparaître sa main, tâtonnant à l'intérieur jusqu'à toucher le métal froid. Il tira d'un coup sec, décollant l'arme, qu'il soupesa enfin, la couvant d'un regard critique et minutieux. Elle était lourde, mais il appréciait les armes lourdes. C'était déjà les premiers pas sur la voie du pouvoir. En fait, il s'en rendait compte, c'était déjà un peu le pouvoir. Il la serra dans ses mains et remonta.
Le gros personnage ouvrit la porte, sa face en amas de chair s'éclairant d'un sourire. "Alors ?" Et il reçut un coup de crosse sur la tempe. Surpris, il n'eût le temps de le parer. L'homme entra alors, tandis que la forme bedonnante trébuchait en arrière. Un rapide coup d'oeil à la pièce, minable, sordide et il vit un hallogène. Il le prit, tirant brutalement pour arracher la prise et frappa plusieurs fois au visage l'homme couché par terre. Puis il s'assit sur la poitrine de l'homme et sortit le pistolet qu'il avait passé à la ceinture. Un coussin sur le visage, le canon vint s'y enfoncer et il fit feu. Les bras battirent encore un moment l'air avant de s'affaisser au sol. Il se releva. La force de l'habitude lui avait permis d'éviter de tâcher son habit impeccable.
La femme était à genoux devant lui, en larmes, exhultant, lui reprochant la mort de son mari. Et il ne répondait pas. Elle se traîna soudainement par terre, son dos crissant comme une feuille d'acier, son visage essuyant le sol dans un sanglot trop narquois pour être réel. Ses ongles s'enfonçaient profondemment dans le sol, ses doigts avaient pris des proportions arachnéennes.
Il fit feu. Puis sortit.
Il rentra à nouveau dans cette pièce noire. A la réfléxion, elle ressemblait davantage à une cabane, avec ses lattes irégulières et ses murs de bois grossier. Un fauteuil roulant trônait en son centre. L'homme serra les dents et l'ignora, s'asseyant sur une étroite chaise pour se saisir du combinet de téléphone. Il tapa un numéro et patienta. De l'autre côté du fil, une fois sourde et absolue gronda. Il avait presque l'impression d'en sentir le souffle sur son visage. Il n'avait rien besoin de dire, la voix savait ce qu'il avait fait et ce qu'il devrait faire. Et le conseilla sur la marche à suivre et il hôcha la tête. Il se para à partir et quitta cet endroit de malheur.
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MessageSujet: Re: Silent Hill : Twilight Ending   Silent Hill : Twilight Ending EmptyMar 17 Oct - 18:47

V.
" - Vous êtes allé à Silent Hill. C'est ce que j'ai lu dans votre déposition. Je croyais que ce lieu n'existait pas.
- Il n'existe pas, c'est sûr. Mais vous pouvez le faire vivre, vous savez. Moi, je ne l'ai jamais vraiment quitté.
- Il n'y a qu'un témoin qui puisse confirmer ce fait.
- Deux. Et personne ne les regrettera.
- En réalité, il était fils unique. Son "jumeau" n'a jamais existé."


Vomir. Elle sentait son estomac se vider, alors même qu'elle avait la conviction de ne pas l'avoir rempli. Elle avait trouvé une pièce au hasard, et s'y était prostrée quand elle avait senti son corps parcouru de plusieurs spasmes. Et puis la bile, chaude et dévorant remonta le long de son oesophage en un flot puissant qui jaillit de sa bouche avant même qu'elle n'ait pu s'y préparer, lui arrachant une volée de larmes au passage. Puis le silence, alors qu'elle toussait encore, s'essuyant frénétiquement la bouche sans rouvrir les yeux, se laissant tomber en arrière pour ne pas avoir le nez dans cette marre organique et désavoué. Elle sentit sous ses doigts les décombres. Encore les décombres. Tout ici tombait en ruines. Tout était mort. Il fallait qu'elle sorte d'ici. "Hé..." grogna une voix derrière elle. Ca va comme vous voulez, hein ?" Elle ne se retourna pas de suite, une angoisse la saisissant alors qu'elle ne faisait aucun geste. "Hé !" Elle comprit que la voix provenait d'un des lits. Elle n'avait pas regardé... ils avaient oublié quelqu'un d'autre ici ! Elle se glissa à quatre pattes et avança doucement, comme si ainsi elle eut pu se soustraire au regard de l'habitant de l'ombre. Silencieusement, elle progressa jusqu'à la porte. "Je vous vois, pourquoi vous partez ?" demanda plaintivement la voix jusqu'à ce que finalement Sarah se relève et l'observe d'un oeil critique.
- Je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un d'autre, c'est tout, fit-elle en croisant les bras, donnant à ses inflexions un ton sûr d'elle.
- Vous ne vouliez pas savoir ! accusa le vieillard, allongé dans son lit, vêtu d'une longue robe qui recouvrait ses pieds et dont la poitrine portait une inscription que Sarah n'arrivait pas à voir.
- Arrêtez de vous plaindre, vous voyez bien que je suis restée, trancha-t-elle. Alors, vous aussi, on vous a oublié ici ?
- Je peux pas me déplacer ! se récria-t-il. Mes membres, ils sont pourris, je peux que rester ici et regarder les murs. Vous, vous vous pourriez m'aider.
- Je vais pas vous porter jusqu'à l'extérieur, soyez réaliste !
- Je parlais pas de ça, dit-il, marquant une pause. C'est quoi votre nom ?
- Sarah, fit-elle, après un long silence.
- Ok, Sarah. Je m'appelle Ron. Vous pouvez m'aider. Regardez, les infermières, elles me mettaient de ça, là, partout sur moi. Ca calmait... les démangeaisons et les brûlures. Vous... vous pourriez m'en rapporter encore, il doit en rester, en bas.
- Faites voir." Elle se pencha vers le pied du meuble qu'indiquait une main décharnée et vit un bidon dont elle se saisit. De l'essence. Elle leva un sourcil et aperçut dans l'obscurité le large sourire du vieillard, ainsi que le mouvement oscillant de son visage qui semblait la supplier. Elle le reposa en demandant : "Et je peux trouver ça où ?
- Au sous-sol. Quand vous sortez de cette pièce, suivez le couloir à votre gauche. Les escaliers sont au fond, sur la droite. En bas, c'est au fond du couloir, la porte la plus à droite. C'est le stock là, vous verrez." Elle hôcha la tête, lui demanda juste s'il savait où elle pouvait trouver une lampe-torche. Il lui répondit que toutes lumières avaient quitté Silent Hill.
Elle descendit donc. De nouveaux escaliers. Elle avait pris avec elle le bidon vide et elle sentait une étrange sensation à son contact, le plastique tapant contre sa hanche à rythme régulier. Au bas des escaliers, elle se maudit de ne pas avoir insister pour la lampe de poche. Elle n'y voyait rien et avançait à tatons, avec l'impression que les murs se rapprochaient d'elle à chaque pas. Elle suivit le couloir du toucher jusqu'à cette fameuse porte. La plus à droite, ce devait être celle-là, elle se situait encore dans le couloir et non sur le mur qui lui était opposé. Elle chercha la clanche et poussa la porte. Une odeur puissante d'eau de javel lui agressa les narines au point que, dans un réflexe des plus primitifs, elle ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, elle avait devant elle un studio. Elle n'aurait jamais cru que se cacherait dans les entrailles du Brookhaven un studio. Il était plutôt propre. Sans fioritures, les meubles disposés de façon précise et logique. Elle fit quelques pas à l'intérieur, un sentiment étrange l'effleurant. Une porte s'ouvrant dans le coin droit de la pièce. Elle ôta ses chaussures pour éprouver la sensation de la moquette ancienne mais douce sous ses pieds et s'approcha de la porte. Gargouillement. Elle interrompit sa progression, approchant le bout de ses doigts de l'encadrement. Elle passa silencieusement la tête. Grattement. Une forme lui tournait le dos. Elle faisait face à une salle de bain blanche d'où vibrait un bourdonnement sourd. La salle de bain était illuminée d'une lumière froide et implacable. Sarah demeura silencieuse mais poussa un mince gémissement quand un mal de tête éclata soudainement dans sa tête, comme une bulle de sang venant d'éclore. La silhouette se retourna et elle vit alors. De la chair brûlée. De longs cheveux. Des traits qui semblait avoir été emporté par un flot de chair liquide et brune jusqu'à bas du visage. Elle poussa un hurlement qui fit écho à celui de la chose, dont le pas titubant venait déjà à sa rencontre. Bondissant en arrière, Sarah chercha du regard la porte. Elle semblait avoir disparu. Non. Changée de place. Elle s'élança sans réfléchir à travers la pièce, entendant déjà les ongles tordus gratter le sol derrière elle. La porte résista à son assaut une première fois. Elle céda au deuxième, accompagné de la force du désespoir. Et Sarah fut avalée par le noir.
La créature resta un instant à l'entrée, regardant l'obscurité. Puis elle hoqueta et s'effondra. Quelque part dans les chambres du rez-de-chaussée, un homme souriait en réajustant doucement sa robe.

VI.

[ Le dictaphone laisse entendre "Le temps des Cerises".]


Les griffures sur ses yeux avaient fini par cicatriser. Drôlement vite, songea Paul. A présent, il n'y avait plus que les plaies sur ses bras et ses épaules qui saignaient encore et gouttaient lentement au sol. Et si l'horreur qui envahissait Paul n'avait pas abruti sa faculté de penser objectivement, peut-être aurait-il pensé à tout ce sang qui glissait au sol avec plus de gravité. Mais il n'en eût pas l'occasion. Il s'inquiétait en réalité pour la robe dont il était habillé et qui prenait lentement une teinte rouge virant même à l'orange sur certaines pièces de tissu. En fait, il était bien content que son visage ait arrêté de saigner. Même le sel de ses larmes le brûlait.
Il avait trouvé le fauteuil roulant dans la rue. Emergeant du brouillard, couché sur le côté, la roue tournait encore. Il s'en était saisi avec une avidité presque honteuse et était monté dessus, soulagé de retrouver les bases de la mobilité. Il avait roulé d'avant en arrière. Pour essayer simplement. Malgré la rouille, le fauteuil se trouvait encore dans un état plutôt appréciable. C'est alors qu'il avait aperçu des formes, dans le brouillard. Au début, il n'en avait vu qu'une poignée, peut-être trois et n'y avait pas fait attention. C'est quand une douzaine de silhouettes floues était apparue dans la grisaille qu'il avait commencé à frémir. Il était seul au milieu de la rue, sans rien pour se cacher ou se protéger. Elles venaient toutes d'un côté de la rue et il s'élança vers le côté opposé en frissonnant, l'expression pleine de gravité. Bientôt, il était arrivé au bout de cette rue et au croisement, avait cru, d'un plissement de regard, en apercevoir sur sa droite. Puis sur sa gauche. Puis derrière lui, qui l'avaient rattrapé. Ses doigts tremblaient sur la roue de son fauteuil et il vit enfin une brèche. Dans le grillage qui entourait un jardin. Il fonça droit vers la maison, surpris par un sursaut au moment de monter le trottoir. Les roues s'enfonçaient légèrement dans la terre molle, mais il poursuivit, avec acharnement, vers l'arrière de la maison, en espéra nt pouvoir s'y cacher. Une silhouette apparut du coin de la demeure. Il s'arrêta net, foudroyé de peur. Une dame d'un grand âge se détâchait de la brume et l'apostropha avec dans la voix une crainte égale à la sienne, l'invitant à le suivre pour se terrer dans sa demeure. Et depuis... "Je suis désolée. Vous n'êtes pas qui vous auriez pu être. Vous savez, j'avais vu un peu d'elle en vous, mais à présent que vous êtes vêtue comme elle, ce n'est plus pareil. J'ai pris quelques photos pour comparer, mais rien à faire, expliqua calmement la vieille dame, avec un goût amer dans la voix.
- Mais... balbutia Paul, qui tirait sur les liens qui le retenaient à son fauteuil. J'ai... j'ai pas arrêté de vous le hurler. Même quand vous m'avez...
- Oh, je ne voulais pas vous faire mal. Mais le légiste avait pris des photos d'elle et je voulais voir si, avec les mêmes blessures, vous lui seriez plus proche. Remarquez, elle a été brûlé vive, vous avez eu de la chance.
- Vous... vous m'avez... " Paul avait du mal le dire à haute voix, étrangement. C'était si profond. Ce n'était pas la douleur physique qui l'en empêchait. Non, c'était plus profond encore que ça. C'était cette façon si simple, si naïve avec laquelle elle avait renié irrémédiablement ce qui faisait de lui un homme pour le réduire à l'animalité. Il n'était plus qu'un animal. Habillé comme elle le voulait, répondant à chacune de ses paroles par crainte de représailles. Il avait peur. Comme un chien qui pliera l'échine sous la main de son maître. Et il sentait au fond de lui une haine larvée, puissante mais encore silencieuse. "Pourquoi... pourquoi moi ?" murmura-t-il. Une raison dans l'enchevêtrement de ces évènements pourraient peut-être lui rendre la raison. Ou au moins l'humanité.
- Vous lui ressembliez. Du moins à première vue, vous étiez un peu comme elle. Alors je me suis dit que peut-être, si j'aménageais votre personne, vous seriez elle. Et vous resteriez avec moi.
- Je... je suis un homme !
- Habillé ainsi, vous faites très féminin, vous savez.
- Elle... elle n'était pas en fauteuil roulant !
- Je vous l'accorde, de ce point de vue-là, elle avait toute sa mobilité. Elle allait souvent se promener le long du lac, d'ailleurs. Comment avez-vous fini en fauteuil roulant, si ce n'est pas indiscret ?
- On... on m'a volé mes jambes, avoua-t-il en plissant le regard.
- Par qui ont-elles été volé ?" demanda doucement la grand-mère. Paul ouvra la bouche, mais se ravisa. Il n'était pas sûr. "Deux péquenauds du coin, c'est eux qui me les ont volé. Attendez... et si c'était vous ?
- Allons bon, je vous aime trop.
- Vous m'avez... vous m'avez ... ! nan, vous ne m'aimez pas. Vous auriez très bien pu prévoir ça pour que je ne m'enfuis pas !
- Je n'aurais pas pu faire ça. Et puis, sur les photos - celles du légiste - elle a ses jambes. Ca n'aurait pas collé.
- Comment pourrais-je le savoir, je suis attaché ?
- Vous n'avez pas besoin de vérifier, d'abord, se défendit la grand-mère. Vous devez me faire confiance.
- Vous... faire confiance ? éructa Paul. Mais vous... vous m'avez... ! vous êtes malade !" L'absence de réponse de la grand-mère l'emplit d'une peur très réelle. Elle se leva et avança vers lui, la démarche très sèche. Une lame effilée cintillait dans sa main droite. Paul déglutit, se promettant de ne pas hurler. Et son regard se troubla, tant et si bien qu'il eût l'impression diffuse, alors que la douleur éclatait en lui, qu'un homme se tenait au fond de la pièce. Peut-être un échappatoire ? Paul serra les dents et tenta d'observer l'homme au-delà de la grand-mère. Il sentit sa chair être tordue. Découpée. Etirée. Rognée et rongée et grignotée. Il implora l'homme. Lui demanda s'il pouvait se lever. Et cet homme hôcha lentement la tête. Paul se maintint alors sur les accoudoirs et prit appui dessus, s'élevant en grognant. Il était debout. En l'air, au milieu. Il était redevenu un homme. Mais les murs grincèrent pour se rapprocher. Alors il fit vite. La jambe de la grand-mère éclata devant le sourire de Paul. Et puis Paul planta simplement le triangle de métal dans le sol et marcha jusqu'à la sortie, traînant derrière lui le fauteuil roulant, avec une créature amorphe assise dedans, qui regardait la Pyramide émergeant du sol en pleurant. "Chut, mon enfant, les peurs et les craintes ont disparu, à présent" chantonna Paul avant de disparaître dans le tumulte.
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MessageSujet: Re: Silent Hill : Twilight Ending   Silent Hill : Twilight Ending EmptyLun 23 Oct - 13:23

VII.
"[ Parasites. ] Vous écrivez l'histoire... [ Parasites. ]"

Il n'y avait pas de sortie. Il était remonté par Blue Creek, sans voir la moindre sortie vers l'extérieur. Il commença à se demander s'il était encore possible de sortir. S'il n'était pas pris au piège, tout simplement. Ce n'était pas évident, mais il doutait. Son ennemi était ingénieux, il lui était facile de se jouer de lui, car lui, même s'il avait pour lui les yeux de la vérité et la main du jugement, il était encore vulnérable par sa parenté mortelle. C'est du moins ce qu'il se ressassa en cherchant, défonçant les portes des appartements pour apercevoir les fenêtres obstruées de planches.
Il entra dans un dernier appartement, prenant une longue inspiration. Aucune échappatoire. Il s'y attendait. Puis surprit un bruit dans la cuisine. Serrant le métal froid de l'arme, il avança à pas prudent jusqu'à la coudée cachant le reste de l'étroite pièce. Il tendit le cou et aperçut... de la chair. Elle gémissait, comme dans un rêve, lui ouvrait ses jambes et il ne sut s'il la désirait ou pas. Non. Elle était sale. Sa force était sa faiblesse. Jugement. L'homme leva son arme et tira vers cette chose lubrique qui éclaboussa dans une explosion de sang très théatrale. Elle lui avait caché la sortie. Il n'en fut pas étonné. Parmi les débris de corps, il découvrit un étroit passage, qu'il suivit avec plusieurs précautions. Le corridor était fait de terre meuble, dans laquelle il sentait ses doigts s'enfoncer. De la lumière illuminait l'autre côté, il sut qu'il n'était plus loin.
Un couloir froid et aseptisé s'étendait devant lui. Lino verdâtre au sol, peinture saumon aux murs. Il comprit qu'il était en prison. Il s'avança jusqu'à la première porte à sa droite et la franchit doucement, tenant toujours fermement son arme au creu de sa main. Personne. Il s'en doutait aussi. Il recula, prit quelques distances de cette porte et en ouvrit une autre. Le parloire. Il y entra doucement, observant les vitres séparatrices avant de choisir une place, l'avant-dernière. Il prit une grande inspiration, regardant droit devant lui. Il n'y avait personne. Il prit le téléphone et écouta.

Sarah avait vu la chose. La chose angélique prisonnière de la chair, née de la peur du sang qui plonge dans l'indignité l'homme. Sarah avait même prononcé son nom et sut qu'il la voyait aussi. Il avait touché son ventre et humé ce qui y était en gestation. Le mal, oui, ancré dans la chair et la peur. C'était à lui, sa création. Cela attendait la transsubtantation. Il pouvait la lui accorder. Tel était son pouvoir et son devoir. L'ange l'appelait et Sarah voulait l'atteindre, mais il lui fit comprendre que le temps n'était pas encore venu. Le cycle n'était pas encore achevé, la roue tournait encore et il la fit tourner avec une ardeur épique, dévorante.
Elle revint à elle en heurtant un fauteuil roulant. Sa vue était encore trouble et elle ne savait pas exactement où elle se trouvait. Elle avait devant les yeux une bouillie noire où perçaient quelques points de lumière vive. Qui devinrent bientôt les lueurs tranchantes émanant des différentes cellules. Elle était dans un long couloir bordé de barreaux. Elle fit quelques pas essayant de s'approcher de la cellule la plus proche d'elle. Il y avait quelqu'un. "Hé ! Monsieur !" hasarda-t-elle. Un grognement lui répondit alors que l'homme se retournait sur le dos, se frottant les yeux pour se redresser, assis sur sa couchette. "Bon dieu... Ron ! s'étonna-t-elle, reculant d'un pas.
- Ma chère Sarah. Vous tombez fort bien. Je vois que vous avez rencontré l'ange. C'est que la fin est proche.
- Vous le saviez, c'est pour cela que vous m'avez envoyé chercher votre saloperie d'essence ?! hurla-t-elle avec un sentiment de confusion grandissant.
- Bien sûr, mais pour que l'équilibre se fasse, je ne peux que vous faire entendre le message du diable. Ecoutez bien, je ne le répèterai pas. Il va parler par ma bouche et vous saurez alors. Et ensuite, il faudra encore lutter. Soyez forte, Sarah, vous pouvez encore vous en sortir. Vous pouvez encore choisir de mourir convenablement." Malgré la répulsion que Ron lui inspirait, Sarah écouta.

Paul était au milieu. En dessous et au dessus. Le haut avait cessé de n'être que le haut pour se retrouver d'avantage en bas. Il ne sentait plus sous lui son fauteuil roulant. Il sentait, autour de ses bras et de ses jambes, de lourdes chaînes, humides et rouillées, qui enserraient ses membres afin de le maintenir en l'air. Une lumière trouble venait du plafond, une lumière rouge sang, accompagnée d'une espèce de pluie fine. Des chaînes se balançaient partout, il ne voyait que cela. Il se sentit prisonnier, pris au piège dans quelque chose de trop grand pour qu'il puisse même espérer qu'on l'en sorte. En fait, il ne se faisait réellement aucune illusion : on l'avait sans doute oublié. En réalité, personne ne l'attendait réellement et personne ne remarquerait qu'il avait disparu. Si l'on analysait bien sa vie, finalement, il n'avait fait qu'être prisonnier, entre des murs, qu'il déplaçait avec lui dans son quotidien. C'était ça sa vie. C'est comme s'il avait toujours été pris dans ces chaînes et qu'il venait enfin de le comprendre.
Il eût un geste coléreux, un geste de dépis, de voir sa vie n'être finalement qu'une boucle sans fin, un éternel recommencement. Et il sentit la chaîne soutenant son bras suivre le mouvement, comme si elle avait eu soudainement du mou, plus haut. Puis il entendit l'écho d'une chaîne glissant à une vitesse furieuse d'une poulie et eût peur d'avoir été l'origine d'une réaction en chaîne. Un objet lourd tombait d'en haut et il ne le voyait pas. Jusqu'à ce que l'objet en question soit stoppé devant son regard. Et lorsqu'il eût identifié ces restes comme étant humain, il ne put retenir un vomissement soudain, son corps sursautant sous un premier flot, déchaînant à nouveau un bruit sourd. Un nouveau corps apparut dans son champs de vision, un corps brûlé. Il trembla tout entier et entendit un grondement. Il leva la tête et vit une voiture se détâcher de la voûte rouge. Il ferma les yeux et serra les dents. Et rien ne vint. Lorsqu'il les rouvrit, il était dans un couloir sombre. Une porte épaisse lui faisait face, l'ouverture à hauteur d'homme fermée par des barreaux. Les murs suintaient d'humidité. Il prit une inspiration et frissonna. Derrière lui se dressait ce qui venait avec le triangle. Il ne portait pas la lame grotesque qu'il lui avait vu. Non, il tenait dans ses larges battoirs un dictaphone. Et malgré la peur, Paul écouta.

Le Message Vrai.
"Allo ? Je sais que tu es là. Je sens ta présence. Tu pues la merde. Non, tu ne t'es pas trompé de numéro, l'interlocuteur a changé. C'est moi, je suis celui que tu as fait prophète. Mes paroles sont Vérité. J'apporte la Voie du Vrai. Ce que je dis prend corps car mes mots viennent d'un futur où brille la flamme incandescente de la vérité. Et je dis que tu es baisé. J'ai découvert ton petit manège, je sais où tu t'es enfui. Je sais que tu es à Silent Hill, maintenant. Je ne sais pas qui t'a permis d'y mettre les pieds, mais je vais te dire une seule chose : c'est fini. Tu as voulu mêler mon destin au tien. Tu m'appartiens à présent. Tu es mien par procuration. Tu as cru pouvoir endosser mon visage et ma vie. Alors mène-la jusqu'au bout. Tu n'as plus le choix. Tu t'es toi-même piégé et c'est moi qui tire les ficelles à présent. Je vais reprendre ce qui m'appartient et te laisser dans ton désert. C'est ma prophétie. Je vais briser tes os et lêcher tes chairs. Je vais boire ton sang et dévorer tes organes. Ainsi soit-il, Doc."

VIII.
.La réalité est là.

L'homme reposa le téléphone. Il n'était plus lui-même. Il avait senti l'autre côté. Et il avait peur. Mais il ne pouvait plus échouer. Il baissa son arme, le canon était pressé contre sa tempe. Il devait finir ce pour quoi il était là. Il se leva. L'endroit avait changé. Tout était plus lugubre, plus organique. C'était comme si les murs respiraient. Leurs reflets ensanglantés étaient exacerbés par les lueurs dansantes d'un feu. Une voiture brûlait derrière lui. Un modèle de sport. Il s'inclina pour tenter de voir à l'intérieur, en gardant bonne distance. Il y avait une personne. Elle se débattait pour sortir, pour vivre. Elle mourrait. Et il y avait quelqu'un d'autre. Qui était inconscient. L'homme plissa les yeux pour voir davantage, mais un frisson d'horreur lui parcourut l'échine. Il fit un pas en arrière, sentant contre son dos la surface froide et décharné d'un mur. Il serra la main sur la crosse de son revolver. La crosse rassurante de son revolver. La main du jugement. Il devait le faire. Il n'existait que pour cela.
Il se tourna vers la vitre du parloir et, dans la lumière apocalyptique des flammes, il vit son visage. Tout ces traits-là étaient les siens, quoiqu'il en doutait parfois. Il se sentait ailleurs. Et à présent, tout entier. Il se détourna pour pousser le panneau de métal grinçant qui le séparait d'un corridor obscur et marcha dans la pénombre.

.Désolé, je devais le faire.
Ron avait disparu. Sarah déglutit doucement. Ses idées s'affolaient. Elle recula jusqu'à buter contre le mur du couloir et quand elle rouvrit les yeux pour les jeter jusq'au bout du corridor, elle vit que l'endroit avait changé. C'était... plus étouffant, plus étroit. On aurait dit un couloir d'hopital. Une bouffée de panique lui parvint du plus profond des ses entrailles, lui faisant plier l'échine sous une toux puissante. Elle n'arrivait presque plus à respirer et tentait de se cramponner vainement au mur en chutant à genoux. Et l'ange ne venait pas. Ses ongles s'enfoncèrent dans le lino, alors qu'elle tentait de se hisser vers cette lumière soudaine qui avait éclaté tout au bout. C'était la fin. Elle sentait ses forces la quitter à mesure qu'elle rampait douloureusement jusqu'à la lumière. Dès le début de cette histoire, elle avait su que son corps la trahirait. Elle n'en avait plus le contrôle. Une vague de fureur l'emplit alors. Une colère dirigée contre elle et les limites de sa propre personne. Combien aurait-elle donner pour pouvoir choisir elle-même sa mort, pour permettre à sa pensée d'engager une ultime victoire sur son physique. Elle rageait comme une mourrante jusqu'à rire. Elle se mit à rire. Elle pleura aussi. Elle s'éteignait et ses dernières pensées n'étaient qu'un chapelet d'injures. Elle voulait trouver quelque chose de beau à dire, mais rien ne se présenta. C'était toujours ainsi.
Elle songea à son bébé. Elle pria pour lui que l'ange vienne le chercher. Si seulement l'ange pouvait venir le chercher...
De la lumière surgit un homme. Il tenait une longue lame qu'il traînait derrière lui. Le souffle agonisant, Sarah essaya de le regarder, de le voir car il serait d'ici peu la dernière personne qu'elle verrait dans cette vie. Sarah observa ces traits encroûtés de plaques rouges où venaient se mêler ses cheveux collés. Ces cernes profondes, cette bouche pleine, ces pommettes marquées. C'était son visage, qu'elle regardait.

.Il n'y a plus d'issues.
"C'est toi qui a voulu ça ? hurla Paul à l'encontre de la Pyramide, qui restait impassible. Pourquoi ? Pourquoi tu t'es acharné contre moi ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? Oh mon dieu... " A la rage soudaine se succéda un nouveau sanglot. La créature rouge le dépassait de plus de deux têtes mais ne semblait réagir à aucune des invectives de Paul, quelque fut le langage qu'il utilisait contre elle. Elle demeurait, monolithique, face à lui, comme si elle le scrutait à travers les angles abruptes de son masque. Et aucune réponse. Paul s'effondra au sol pour se larver contre lui-même, balbutiant des paroles incohérentes.
Et la Pyramide bougea alors. Dans un gargouillement lointain, comme un organe à vif qui se mettait à battre, dans la furie d'une machinerie folle se mettant en marche, la Pyramide montra le fauteuil roulant entre Paul et elle. Ce dernier grinça. Se tordit. La peau qui le couvrait se déchira brutalement, éclaboussant de sang Paul qui hurla en fermant les yeux. Quand il les rouvrit, une lame était enfoncée dans le sol. La lame grotesque. Des visages la parcouraient. Tordus, ils hurlaient comme Paul l'avait fait avant eux, dans la tourmente. Paul reconnut ces traits. Même le dernier visage. Et il comprit. La Pyramide avait disparu. Il se saisit de l'épaisse garde et la souleva avec difficulté. Elle était incroyablement lourde. Il la traîna jusqu'à la porte et l'ouvrit en grand.
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MessageSujet: Re: Silent Hill : Twilight Ending   Silent Hill : Twilight Ending EmptyLun 23 Oct - 13:24

IX.
"Le dormeur se réveille. [La bande crépite, laissant entendre une voix de femme] Pourquoi ? Pourquoi tu t'es acharné contre moi ? Qu'est-ce que je t'ai fait ? Oh mon dieu..."

Paul émergea dans une lumière aveuglante. De l'autre côté de la pièce, il vit l'homme. Et il sut qu'il était hostile. L'homme aussi l'avait remarqué et un sourire narquois apparut sur ses traits. Paul eût juré que son faciès... Mais davantage, Paul vit le corps allongé par terre, qui tendait le bras vers lui. Il vit ces traits à l'agonie. Durant un instant, il eût l'illusion que ce visage qu'il détaillait était le sien, mais non. Il le reconnut directement et accourut. Elle portait une robe d'été entamée par les flammes en divers endroits. Elle était sévèrement brûlée. Il laissa tomber à son côté la lame et s'agenouilla pour la prendre dans ses bras. "Oh mon dieu, Wendy, sanglota-t-il. Si j'avais su... si j'avais pu comprendre. Je te le jure, je n'aurais rien fait. Je ne t'aurais pas trahi ainsi. Je voulais seulement... te garder avec moi, pour l'éternité, tu comprends ? Je devais mourir avec toi dans l'accident, c'est ainsi que cela devait se passer. Pardonne-moi, Wendy. J'aurais dû mourir avec toi." Ces mots lui échappèrent soudainement. Et alors, tout me revint en mémoire. Je revis sous mes yeux tout ce qui s'était passé. Tout ce que j'avais tissé pour m'en séparer. Wendy mourrut dans mes bras et son regard était congestionné de haine. Et pourtant, ses derniers mots furent des mots d'espoir. Le bébé. Il pouvait encore lui survivre. C'était mon seul pardon. Cet enfant. Je me relevais. L'homme avait disparu. Il n'avait jamais été là. Il n'y avait à sa place une ombre. Epaisse. "C'est ta dernière forme, n'est-ce pas ? dis-je.
- Tu as détruit un corps que j'aimais, répondit-il.
- Je vais vivre, pour l'enfant.
- Ca n'aura pas de fin alors. Tu m'as accepté en toi, je te rappelle.
- Je t'en rejettes alors.
- Cela ne marche pas comme ça, cher Doc. Tant que tu vivras, j'aurais une emprise sur toi. Et je détruirai tout ceux à quoi tu tiens." Nos regards se dirigèrent alors vers la lame abandonnée et je bondis dessus. Mes doigts passèrent à quelques centimètres de la garde rouillée, alors que je sentais une étreinte d'acier se refermer sur ma cheville. Un regard par dessus mon épaule et je vis une créature qui fut Wendy, habitée par la haine et l'esprit de la haine. Ses serres s'enfoncèrent dans ma chair alors que je tentais à tout prix de m'emparer de l'épée. Et je sentais la créature qui prenait le pas sur moi, rampait en plongeant ses griffes dans la peau de ma jambe. Toutefois, la forme prédatrice fut parcouru d'un frisson d'horreur, gargouillant dans un soubresaut dégoûtant. Elle retomba sur les fesses et de ses cuisses écartées s'étira... L'Ange. L'enfant était le salut, la dernière forme de pardon de Wendy. Il était cousu de chair et s'extirpait de la forme hurlante qui baignait dans son sang. Ma main se referma sur la lame. Je me relevais. Il n'y avait qu'une seule solution. Elle ne fut que peu douloureuse. "Tant que je vivrais... "

"Doc, vous pouvez pas faire ça, nan, Doc ! [ Trois bruits de détonation. ]
- Je suis déjà mort. [ Une seule détonation. ]"

[ Fin de bande. ]


Epilogue

Au dernier étage du Corps, une créature ancienne et repliée sur elle-même ouvre les yeux et revient à lui. Elle reprend connaissance mais son regard ne rencontre qu'un écran noir. Et pourtant, il est temps qu'elle s'éveille. Il se redresse, touche son visage du bout des doigts, avec un frisson glacé. Quelque part, la chose sait qu'elle est humaine. Qu'elle est homme. Alors, il se lève. Il tire sur la chaînette et une lumière pâle inonde ses sens. Il se sent humain.
Froidement humain.
Pris d'une soudaine nausée, il passe rapidement son masque à gaz qui traînait par terre et prend de longues inspirations, malgré les relents de caoutchouc. Il sort de sa baignoire - déformation professionnelle - et s'approche de la fenêtre. Il n'y a pas de dehors. On dirait que quelqu'un a peint la vitre de noir. Il s'en éloigne alors et sort.
Il s'appelle Derme. Et ce lieu est le sien.
Il émerge dans le couloir et le remonte. La pièce au fond est éclairée. Il pousse la porte et demeure sur le pas. A l'intérieur, il y a une table et deux chaises. Sur chacune d'entre elle est assis un cadavre. "Mort par balle" commente Derme, stoppant le dictaphone encore en marche. Le premier porte des lunettes et le trou béant dans sa tempe indique qu'il s'est suicidé. Après avoir envoyé trois projectiles dans la poitrine de son interlocuteur. Derme s'avise qu'il aime bien ce mot "projectile". La lumière s'allume alors de l'autre côté de la vitre teintée, qu'il remarque alors. Il vient regarder ce qu'il s'y trouve. Trois cadavres. Deux hommes et une femme. Ils se ressemblent tout les trois. Au milieu d'eux se tient Abdon. Son visage brouillé conserve un sourire. Ses mains sont jointes dans son dos et sa veste en tweed s'ouvre sur sa poitrine blème. Il se penche et appuye sur le bouton de l'interphone : "Ces trois-là sont pour moi. Le tien, c'est le psy. Incroyable, tu as vu, ils s'inspirent entre eux ! Le mec qu'il a tué, c'était un vétéran.
- Le repris de justice ?" demande Derme. Maintenant qu'il y pense, il se disait bien que ce type lui rappelait quelque chose. "Que va-t-on en faire, au juste ?
- Quel homme ?' murmure de son ton mielleux Abdon. Derme comprend et se retourne. Abdon est déjà assis à la place du mort, laissant sa tête pendre de la même façon. Derme cligne des yeux. Il est à la place du psy et regarde Abdon qui se redresse. "Tu dois nous trouver un nouvel avatar, fait-il. Un nouveau type qui pourra assumer ce que tu n'as jamais été capable de faire.
- Tais-toi. Je l'ai assumé il y a bien longtemps.
- C'est ce qu'il y a de plus drôle à voir. Toi, tu as choisi ta voie. Maintenant, eux souffrent à ta place. Ils souffrent de tes maux.
- Commençons, ordonne-t-il sombrement, je déteste cette sale besogne.
- Et pourtant, elle durera, lui confia Abdon. Aussi longtemps que tu seras en vie."
Derme ferme les yeux. Il est seul au dernier étage du Corps. Il se surprend à sourire. Abdon ne sait pas. Il y a un enfant, à présent, dans l'équation. Un enfant né de l'espoir du salut. C'est peut-être ce qu'il attendait depuis si longtemps. Il prend une longue inspiration et pose un pion au milieu de l'échiquier qui a remplacé le dictaphone. Les murs commencent à s'évanouir.
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